BERTRAND VERGELY

 



Commentaire d'un atelier mené par Bertrand Vergely les 4 et 5 décembre 2010 au centre Sainte-Croix à Monestier, Dordogne.



Sommaire


Bertrand Vergely
Résumé
Commentaires
Contenu
Bibliographie
Quelques pensées
Interview : La politique commence à l’intérieur de nous 



Bertrand Vergely, en atelier les 4 et 5 décembre 2010, au Centre Sainte-Croix à Monestier, Dordogne.


Quels repères pour aujourd’hui et pour demain ?

Notre époque s’interroge. Quels repères, quelles valeurs pour aller vers demain ? Philosophie ? Religion ? Raison ? Foi ? Spiritualité ? 

Comment articuler ces différentes approches ? 

Deux jours pour y voir plus clair et pour aller de l’avant.


Bertrand Vergely 


Bertrand Vergely, né en 1953, est un philosophe et théologien français. 

Il est un ancien élève de l'École normale supérieure de Saint-Cloud.

Il enseigne à Sciences Po Paris http://fr.wikipedia.org/wiki/Sciences_Po_Paris , à l'Institut de théologie orthodoxe Saint-Serge http://www.saint-serge.net/  et au Lycée Pothier http://tourl.fr/aiss  en classe préparatoire aux grandes écoles en Khâgne Classique (Ulm) et en Khâgne B/L.


Bibliographie partielle :

Aristote ou l'art d'être sage, Essentiels philosophie

Dico de la philosophie (Le), Les dicos essentiels Milan

Dictionnaire de la philosophie (Le), Dicos hors collection

Grandes interrogations de la connaissance (Les), Essentiels philosophie

Grandes interrogations esthétiques (Les), Essentiels philosophie

Grandes interrogations morales (Les), Essentiels philosophie

Grandes interrogations philosophiques (Les), Essentiels philosophie

Grandes interrogations politiques (Les), Essentiels philosophie

Hegel ou la défense de la philosophie, Essentiels philosophie

Heidegger, ou l'exigence de la pensée, Essentiels philosophie

Kant, ou l'invention de la Liberté, Essentiels philosophie

Nietzsche, ou la passion de la vie, Essentiels philosophie

Petit précis de philosophie grave et légère, Essentiels philosophie

Petite philosophie du bonheur, Pause philo

Petite philosophie du bonheur, Essentiels philosophie

Petite philosophie grave et légère, Pause philo

Philosophes anciens (Les), Essentiels philosophie

Philosophes contemporains (Les), Essentiels philosophie

Philosophes du Moyen Âge et de la Renaissance (Les), Essentiels philosophie

Philosophes modernes (Les), Essentiels philosophie

Philosophie (La), Essentiels philosophie

Platon, Essentiels philosophie

Pour une école du savoir, hors collection

Silence de Dieu (Le), 2006, Presses de la Renaissance

Voyage au bout d'une vie, Bartillat, 2004 

La Foi, ou la nostalgie de l'admirable, 2004, Albin Michel

Petite philosophie pour vaincre les jours tristes, 2003 - 2009, Milan 

La philosophie : comprendre pour aimer, 2009, Milan

Une vie pour se mettre au monde, mars 2010, Carnets Nord, en coll. avec Marie de Hennezel

Retour à l'émerveillement, 2010, Albin Michel





Résumé  et commentaires 


Résumé :

La philosophie et la religion, des repères pour aujourd’hui.

Bertrand Vergely est un des rares penseurs de notre époque qui dépasse l’opposition religion philosophie pour faire émerger, après la mort de Dieu prononcée par Nietzsche, un nouvel homme qui s’ouvrira au monde par sa personne au-delà de son individu.

Pendant deux jours, en décembre 2010, au Centre d’Etudes Sainte-Croix, Bertrand Vergely  a plus approfondi sa pensée que réellement animé un séminaire formé de participants presque tous dévoués, sinon à sa cause, au moins à sa recherche publique.

Après une enfance auprès d’une mère qui continue de l’habiter pas son  intelligence qu’il qualifie de grande et d’un père très actif intellectuellement, Bertrand Vergely découvre la singularité de son environnement par la présence de grands penseurs (http://tourl.fr/aiuk …). Il considère que l’âme de son enfance fut l’âme Russe caractérisée par l’union de la philosophie et de la religion.

Par la suite, sa présence au monde du dehors lui fait découvrir un clivage plutôt qu’une union. Il en conclu que l’origine des crises du monde est à rattacher à cette séparation. Une partie de son travail sera alors de « recoller les morceaux ».

Depuis 2500 ans, l’opposition entre les mythes et la raison, la théologie et la philosophie, la foi et la raison structure l’histoire de l’occident.

La philosophie, en tant qu’exercice rationnel de l’esprit, nous permet de revenir dans la réalité concrète, tandis que la religion nous permet d’aller vers le « tout autre », le spirituel.

Le bon équilibre passe par les pieds sur la terre et la tête dans le ciel, la relation entre les deux donne la respiration, l’homme au souffle divin, l’homme pneumatique.

Cette respiration est trouvée dans la méditation, par une parole qui résonne en nous, vivante et intelligente.

C’est le dialogue intérieur qui nous fait vivre. C’est le logos, la véritable raison, relation entre la raison et l’être.

Nietzsche conclut à la mort de Dieu, car la religion chrétienne s’oppose à l’homme divin qui devrait être complet, religieux et fort, aux paroles inspirées et inspirantes, à la vie créatrice.

Nous devrions vivre extraordinairement et être passionnés par le fait de vivre.

Notre réflexion – méditation - nous conduit à réfléchir sur les catastrophes des dictatures inquisitoriales et philosophiques  qui ont conduit à la perte de l’homme existentielle.

La mort de Dieu, c’est la crise de l’homme occidental qui souffre de ne pas pouvoir accoucher de son être divin, au milieu d’une foule de possibilités données par le monde moderne.

Il n’y a pas trop de religions et de religieux, mais pas d’hommes divins (Saints et Prophètes)

L’homme divin c’est celui qui invente sa parole au moment où elle est produite et qui ne dit pas « il faut ». 

Sinon, c’est la quête du savoir, donc du pouvoir. 

Qui sommes-nous pour oser penser qu’on pense ? Qu’en savons-nous ?

L’au-delà du religieux, c’est la personne opposé à l’individu, c’est faire de sa vie un art.

L’homme véritable et divin n’est pas encore accouché. L’univers attend l’homme.

On est soi lorsqu’on devient le canal de l’esprit de la pensée universelle.

Sans Dieu, je n’existerai pas et je ne peux pas exister sans la meilleure part de moi-même qui est Dieu – Descartes.

Dans l’ordre de l’homme divin, le rapport de personne à personne est un rapport libéré.

L’homme est un être surnaturel qui est sorti de la nature mais n’est pas fait pour y retourner.

Pour devenir l’homme divin, il faut se transformer, se transfigurer - Olivier Clément – par l’expérience de la pensée.

L’homme ne descend pas du singe, il descend du songe.






Commentaires :


Bertrand Vergely nous a laissé ses empreintes faites sur un chemin qu’il parcourt inlassablement. Celui qui mène à la béatitude, à la contemplation de l’univers et de la pensée. De l’extérieur à l’intérieur et de l’intérieur au supérieur. 

Dans un discours parfois confus, aux départs fulgurants, aux propositions de déroulement peu suivies, il nous communique sa foi immense en l’homme divin à venir, avec humour et humilité.

Bertrand Vergely semble panser des blessures anciennes avec cette quête hors de portée humaine. Gageons que ce que nous pouvons en tirer de mieux pour l’homme de maintenant lui sera redevable.

Ses livres sont riches et plaisants. 

Il pense en artiste mais il lui manque l’audace, ou la technique, pour aller au  bout de ses songes par la poésie, la littérature ou la musique.  





Contenu de son intervention 



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Bertrand Vergely a de tout temps voulu associer la philosophie avec la religion. Il a toujours vécu dans un monde qui vivait les deux ensembles, avec l’un faisant résonner l’autre, en référence à Annick de Souzenelle http://tourl.fr/aisr. Elevé dans le milieu de la pensée Russe, avec une mère très intelligente et un père très actif intellectuellement, cette pensée Russe religieuse n’étant pas une philosophie ni une théologie, il découvre par la suite le clivage entre philosophie et religion (Tout philosophe est le cousin d’un athée – Rousseau). Il en conclut à l’existence d’une crise profonde. Une partie de son travail est de « recoller les morceaux ». 

L’opposition de la raison et de la foi est à la source de cette crise aux effets subits quotidiennement qui dépassent tout ce qu’on peut reconnaitre comme essentiel, comme l’écologie. Le fanatisme religieux s’oppose au nihilisme occidental. Pour sortir de cette crise de la modernité, il faut trouver un point de rencontre entre l’humain et le divin, en traitant l’humain comme divin et le divin comme humain.

En occident, depuis 2500 ans, c’est l’opposition entre trois choses : le muthos (les mythes) et le logos, la théologie et la philosophie, la foi et la raison, qui structure l’histoire de l’occident. 

André Comte-Sponville http://tourl.fr/aisq  [né le 12 mars 1952 à Paris 16e, est un philosophe français et membre du Comité consultatif national d'éthique depuis mars 2008. Philosophe se décrivant comme matérialiste, rationaliste et humaniste, ancien élève de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm (où il fut l'élève et l'ami de Louis Althusser), André Comte-Sponville fut maître de conférences à la Sorbonne (Université Paris I) jusqu'en 1998, date depuis laquelle il se consacre exclusivement à l'écriture et aux conférences qu'il donne en dehors de l'Université. Ses philosophes de prédilection sont Épicure, les stoïciens, Montaigne et Spinoza. Parmi les contemporains, il se sent proche surtout de Claude Lévi-Strauss, Marcel Conche et Clément Rosset, en Occident, Swami Prajnanpad et Krishnamurti en Orient] écrit un livre sur l’esprit de l’athéisme en posant la philosophie s’opposant à la religion. 

Michel Onfray et Luc Ferry se posent comme athées. La crise entre raison et foi est à l’origine des deux totalitarismes rencontrés dans l’histoire : l’inquisition de la fin du moyen-âge et au XX siècle, le stalinisme et le nazisme. Sans pouvoir articuler théoriquement la raison et la foi, la pratique de cette articulation est impossible et conduit à un monde totalement déséquilibré. Il faut donc travailler à cette articulation. 

Les deux besoins fondamentaux de l’homme : la philosophie et la religion. Conscient qu’il s’agit de besoins, notre travail consistera à ne pas favoriser l’un (des besoins) plus que l’autre. Le point de rencontre entre la philosophie et la religion est l’expérience de la méditation.

Pour comprendre ces deux besoins fondamentaux, il faut comprendre la position de l’homme dans la réalité. 

Sa philosophie de l’homme est marquée par Henri Bergson http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Bergson  [Henri Bergson, né le 18 octobre 1859 à Paris où il est mort le 4 janvier 1941, est un philosophe français. Il a publié quatre principaux ouvrages : d’abord en 1889, l’Essai sur les données immédiates de la conscience, ensuite Matière et mémoire en 1896, puis L'Évolution créatrice en 1907, et enfin Les Deux Sources de la morale et de la religion en 1932. Il a obtenu le prix Nobel de littérature en 1927. Son œuvre est étudiée dans différentes disciplines : cinéma, littérature, philosophie, neuropsychologie, etc. La pensée de Bergson est grandement influencée par Spinoza et par Kant, ce dernier se trouvant être la plupart du temps son « adversaire ». On y trouve aussi l'influence de penseurs qui lui étaient contemporains : Herbert Spencer, William James, Jules Lachelier, Félix Ravaisson, et de nombreuses autres sources scientifiques, artistiques, philosophiques ou mystiques, notamment celle exprimée par Plotin. Les concepts clefs de sa philosophie sont la durée, l’intuition, l’élan vital et les rapports entre l'âme et le corps]) qui dans « l’évolution créatrice »,  lui fait croire que nous participons  à une expérience phénoménale qui est la création du monde, l’apparition de l’homme et son évolution historique. L’homme est au cœur d’un gigantesque processus d’évolution. L’homme est à la charnière d’une évolution qui vient de la création du monde et qui aboutit à l’homme, étant un oméga, la fin d’un processus inconscient qui devient conscient, mais l’homme est aussi un alpha, le début de quelque chose qui va de la conscience vers la supra conscience.  

La supa conscience c’est lorsque nous faisons de la philosophie, de la religion et de la méditation.

Au moyen-âge, le parcours de l’homme a été résumé ainsi : de l’extérieur à l’intérieur puis de l’intérieur au supérieur. L’homme est lié à un programme, de moins en moins contraignant, sous le paradoxe de la liberté. Ce paradoxe c’est que plus les choses ont du sens, moins elles en ont, plus elles sont libres, plus elles sont créatrices. (L’homme est un milieu entre rien et tout –Pascal). L’homme n’est pas rien, mais il n’est pas encore arrivé à son plan de supra conscience. Dans la tradition chrétienne, le Christ est le médiateur entre Dieu et l’homme. Il  est rarement vu la vision cosmique de cette médiation, au delà le la vision morale. Il faut voir dans le Christ le passage réalisé qui montre comment on passe du conscient au supra conscient. 

Pour être équilibré, le premier besoin de l’homme est de rentrer dans le réel, et le deuxième besoin de l’homme est d’en sortir. La philosophie c’est ce qui nous permet de rentrer dans le réel et la religion ce qui nous en fait ressortir.

Il peut affirmer cela par l’expérience de la philosophie et de la raison. L’expérience de la philosophie c’est l’expérience du retour à la réalité, à la vérité, l’expérience de la pensée. L a pensée, c’est oublier les mythes (muthos), la religion, pour penser par nous même ce qui existe. La raison se séparant du mythe, de la foi, de la religion a été créatrice. Il est très difficile de penser par soi le monde en s’échappant des conventions sociales et des traditions culturelles. 

La raison (le logos), nait en Grèce, en faisant rupture avec le mythe avec  un mythe, celui de la relation entre les hommes et les dieux, qui se résume par l’inscription au fronton du temple de Delphes «Connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux ». Pour comprendre le mythe, il faut sortir du mythe, aller vers soi et le réel et la vérité. Il faut oublier les dieux pour mieux les retrouver et les respecter. Socrate en expliquant cela aux hommes de son temps, se fait tuer. Le Christ explique cela aux pharisiens et se fait tuer. Il ne faut plus penser de manière bien pensante. 

Dans le monde chrétien, rupture entre la théologie et la philosophie.  La philosophie moderne nait avec Descartes et Kant : penses par toi-même. (L’expérience de la philosophie c’est le retour à la chose même – Husserl).

Il faut dire les choses qui sont et qui existent. Il est absolument vital de passer par l’expérience de la raison, du lien avec soi et du lien avec le réel. Il ne faut pas croire que croire c’est dire ce qu’il faut croire, surtout chez les religieux, et chez de trop nombreux élèves. La philosophie nait avec une rupture, une re naissance, le retour à soi. 

La tâche spécifique du religieux est de montrer que la réalité dans lequel nous sommes va bien plus loin, ce plus loin est appelé par Rudolf Otto le « tout autre » [Rudolf Otto (25 septembre 1869 – 6 mars 1937) est un théologien luthérien, également universitaire en religion comparée, de nationalité allemande. L’ouvrage le plus célèbre d'Otto, Le Sacré, publié en 1917 sous le titre allemand Das Heilige - Über das Irrationale in der Idee des Göttlichen und sein Verhältnis zum Rationalen (Du sacré - Sur l'irrationnel des idées du divin et de leur relation au rationnel). Il s'agit de l'un des plus grands succès de la littérature théologique allemande du xxe siècle. L'ouvrage a en effet toujours été réédité, et existe actuellement en plus de 20 langues. Otto y définit le concept de « sacré » comme étant numineux, notion qui fait référence à une « expérience non-rationnelle, se passant des sens ou des sentiments et dont l'objet premier et immédiat se trouve en dehors du soi ». Otto crée ce nouveau concept depuis le latin « numen » faisant référence à la divinité. La même source étymologique avait été utilisée par Kant dans son concept de noumène, un terme grec signifiant la réalité inconnaissable qui sous-tend toute chose. Le numineux est ainsi un mystère (latin : mysterium), à la fois terrifiant (tremendum) et fascinant (fascinans). Otto propose ainsi un paradigme pour l'étude des religions, se focalisant sur le besoin de réaliser le sentiment religieux, considéré comme non réductible et comme une catégorie en soi. Objet de multiples critiques survenues en 1950 et 1990, le paradigme d'Otto revient sur le devant de la scène avec la philosophie phénoménologique qui, par certains aspects, s'en rapproche]. http://fr.wikipedia.org/wiki/Rudolf_Otto

Le « tout autre » c’est ce que nous retenons de l’expérience du religieux. C’est l’englobant de Karl Jaspers [Karl Jaspers, né à Oldenburg le 23 février 1883 et mort à Bâle le 26 février 1969, est un psychiatre et philosophe allemand représentatif de l'existentialisme chrétien. Ses travaux ont eu une grande influence sur la théologie, la psychologie, la psychiatrie et la philosophie. La Transcendance (liée au terme « Englobant » dans ses travaux ultérieurs) est, pour Jaspers, ce qui est par-delà le monde physique. Sa formulation de la Transcendance comme absence d'objectivité ultime a mené bien des philosophes à disserter sur le fait qu'au final, Jaspers était un moniste, bien que Jaspers lui-même préféra insister sur la nécessité de la reconnaissance de la validité des concepts de subjectivité et d'objectivité] http://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Jaspers

Bertrand Vergely eut un  premier témoignage de l’expérience du religieux, de ce « tout autre » et cet englobant avec sa mère qui lui disait « qu’il ne pouvait pas comprendre » alors qu’elle disait avoir été totalement comprise après sa rencontre et ses entretiens spirituels avec Monseigneur Bloom (Mgr Joannes-Maria Nico Bloom van Assendelft).

Il a compris le religieux dans la beauté de la liturgie orthodoxe, des icones et des chants. Cette expérience dépasse le quotidien, jugé médiocre et banal. Au-delà de la liturgie, c’est la contemplation de la création qui forme l’expérience du religieux, du fait même de la vie.

Pour aller dans cette dimension du religieux, il faut un lâcher-prise, il faut accepter d’aller au-delà de son intelligence.  Cet incompréhensible n’est pas irrationnel. 

Sa culture de maitrise intellectuelle de l’avait pas préparé à ce lâcher-prise. Bergson parlait de l’intelligence reptilienne qui cherche à dominer le monde et l’intelligence intuitive qui ne demande qu’à se laisser porter par l’englobant. 

Il est impossible de parler du religieux à quelqu’un qui reste dans le reptilien à chercher à dominer le monde. Cette personne ne comprend rien au féminin de l’être (Annick de Souzenelle), rien à la pensée inspirée. Notre monde est organisé à l’opposé de ce qui permet d’accéder au plan divin.

Cette expérience nous fait ressentir le fait que quelque chose et quelqu’un nous comprends. Ce qui est important dans la vie, c’est d’être compris, accueilli et de grandir grâce à cela. 

Chaque être humain a besoin d’être lui-même, d’avoir son mot à dire. Tout être humain a soif de passer  à une autre dimension.

Bertrand Vergely pense que lorsque nous sommes dans un environnement banal et médiocre, nous étouffons et avons besoin d’autre chose : le « tout autre ».

L’expérience de Dieu est vitale pour l’humanité. Le vrai mot de Dieu, c’est la liberté. Dieu, ce n’est pas l’origine de l’homme, c’est son avenir. Les gens ont peur de Dieu car ils ont peur d’être castrés par Dieu, comme un grand vagin denté. 

Bertrand Vergely a fait la découverte de la liberté dans Dieu au Mont Athos  http://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_Athos

Si tout n’est pas bien au Mont Athos, il existe des moines qui permettent cette expérience du religieux, du « tout autre » avec liberté.

Il faut refuser le sacrifice de l’homme à Dieu et de Dieu à l’homme. 

Une grande partie de nos discours sont hors sujet. Bertrand Vergely aime la culture, la philosophie, la rationalité qui nous fait participer au jugement critique et nous fait apprendre la définition juste et exacte dans le cadre du travail conceptuel. Les enseignants de la philosophie nous ont permis à former nos esprits à bien réfléchir et à ne pas tout mélanger. 

Sans structure de l’esprit il est impossible d’aller plus en avant (vers le « tout autre »)

Il faut que l’homme vive sa part et fasse sont travail d’homme dans la rationalité, en se libérant d’un religieux qui peut être néfaste si il ne s’efface pas, comme il est nécessaire que les enfants ne soient plus sous la coupe de leurs parents afin qu’ils prennent leur autonomie.

Bertrand Vergely apprécie en cela l’esprit scientifique et rationnel. Si tout le monde pouvait posséder l’esprit scientifique, le monde serait plein de sagesse et de philosophie.

Au delà, il y a une rupture, et devant le mystère et la beauté la transcendance apparait (le chérir universel de Paul de Tarse) en sentant que chaque point de l’univers est vivant. En ayant un sens du fondamental, en me sentant libéré, je libère les autres. 

La philosophie nous structure, nous mets dans une statique, au sens bon sens du terme. La religion nous mets dans une dynamique. Nous ne pouvons aller vers la dynamique  si nous n’avons pas une bonne statique. 

Avant d’aller vers la religion, il faut aller vers l’homme et la raison, sinon on est dans l’exaltation religieuse. Mais d’autre part, il ne faut pas enfermer l’homme dans l’existence. Il faut respecter dans l’homme son besoin d’aller plus loin, vers la transcendance. André  Comte-Sponville a tort lorsqu’il dit que Dieu est une invention de l’homme occidental. Dieu invente l’homme. Il est parfaitement possible de concilier la philosophie avec la religion et c’est profondément complémentaire. Il ne faut pas tout ramener au religieux ou à la philosophie. Lorsqu’une religion ramène tout à elle, elle court vers l’inquisition, comme une philosophie qui ramènerait tout à elle. Si cet équilibre avait été préservé, cela aurait pu permettre d’éviter les catastrophes que nous avons connues au siècle dernier. Rappel des polices religieuses en Arabie-Saoudite qui contrôlent l’obéissance aux règles extérieures de la religion musulman par le port de la barbe pour les hommes et le voile pour les femmes. De la même manière, les polices politiques d’URSS.

Besoin d’une théorie des équilibres entre religion et philosophie. Dans la réalité tout est bon, à condition de pratiquer de bonnes mises en place et d’articuler les équilibres.

Le réel est le résultat de la réalisation, du courant créateur et réalisant. La vérité de la réalité, ce sont les possibilités qui se « possibilisent ». Expansion formidable et permanente, mouvement créateur. Derrière cette chosification, il y a le dynamisme. Aristote dit que le réel est action et énergie, une possibilité qui se réalise avec d’autres possibilités. Nous ne savons pas jusqu’où vont les possibilités du réel. Le réel est le possible de tous les possibles. Revenir dans le réel c’est revenir  à moi, à ce qui existe en face de moi et enfin à ma relation entre moi et le non moi. Je ne suis pas dans la confusion. Relation nourrissante et expérience de la raison. Nous sommes menacés par la confusion de nous même avec nous même, avec l’extérieur et aussi de la relation au monde. La confusion de nous-mêmes avec le monde extérieur, c’est le monde infantile. La confusion de nous-mêmes avec nous-mêmes, c’est le monde adulte égotiste. Se prendre pour soi-même c’est être fou au départ et « con » à la fin. Ce n’est pas du narcissisme. Il y a deux narcissismes, celui de la mort qui masque le non amour de lui-même par un excès d’attention à lui-même, quelqu’un qui s’aime trop pour s’aimer vraiment. Le narcissisme de vie, c’est l’amour propre. 

Se prendre pour soi-même, c’est une erreur d’évolution. 

La distinction entre le réel et le transcendant permet l’unité.

Le meilleur moment pour Dieu d’être là, c’est de ne pas y être.

La respiration entre l’homme et le religieux donne l’homme pneumatique (qui a le souffle de l’esprit)

La spiritualité c’est l’accomplissement du religieux et du philosophique.

La spiritualité sans Dieu n’existe pas.

André Comte-Sponville lutte contre la reconnaissance de son expérience du religieux qu’il ramène à une extase devant la vision de l’univers. 

Bertrand Vergely fait l’expérience du divin, du céleste, du transcendant lors de la prière.       

Ce moment est délectable en donnant énergie et paix venant d’en haut.

Ce sentiment d’une colombe partant de son cœur pour s’élever vers le ciel est le même, maintenant à 57 ans qu’à 11 ans.

Sans cela, tout devient lourd et opaque.

Le problème du monde, c’est la terreur, autant au travers des religions que des institutions humaines.

Le grand problème du monde, selon Nietzsche, c’est la vengeance.  



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Notre rapport au corps.

Le corps structure l’esprit qui lui-même structure notre corps.

Nous sommes tous dualistes et monistes. Le vrai dualisme est celui de la distinction et non pas celui de l’opposition.

Socrate est dualiste lorsqu’il dit que le corps est mauvais, corrigé en cela par Platon et Jean-Pierre Changeux est dualiste lorsqu’il dit que la pensée n’est que le produit du cerveau.

L’homme est un souffle créateur en expansion.

Comment définir la philosophie, la religion et leur point de rencontre : la méditation.

La philosophie, c’est trois choses :

1 : la représentation que nous nous faisons du monde, par les leçons de l’expérience, le trajet qui va de l’expérience à l’idée. Tout être humain doit pouvoir se représenter ce qu’il fait pour pouvoir vivre. C’est le commentaire de la réalité. Ainsi il sera possible d’agir et de manifester notre volonté. 2 : les idées qui mènent vers l’expérience, les concepts comme outils qui nous donnent une prise sur la réalité. 

3 : Du rapport entre l’idée et l’expérience, nait le jugement puis la sagesse [Le sage juge et ordonne]

Celui qui sait ce qui pense est capable de jugement en pensant ce qu’il sait.

En somme la philosophie c’est : représenter, concevoir, juger.

Ceci débouche sur la raison qui est la faculté du lien. De là, la présence agissante, le bon sens.

Nous construisons le monde à l’intérieur de nous-mêmes par la pensée avant de le construire à l’extérieur par la réalisation.

L’origine de la philosophie  est la connaissance de soi.

La véritable rationalité est liée à la subjectivité. Descartes nous fait bien comprendre que la rationalité commence avec le moi et ne commence pas avec la logique. Seule la philosophie apprend à Descartes à bien penser. 

Quand nous pensons que la pensée est l’application d’une règle, nous ne pensons pas.

La pensée, c’est l’obéissance à la pensée, et pas à une règle.

La pensée, c’est l’intuition et l’évidence.

Le risque de la pensée c’est de vouloir penser selon des règles et des conduites par rapport aux autres.

Socrate, Augustin, Kant, Nietzsche, Husserl …. Tous disent qu’il faut revenir à soi-même.

La véritable parole religieuse commence par celle de la pensée de soi, par soi-même, en dehors de la religion, et cette parole rend possible la relation au tout-autre.

Pascal appelle conversion et Heidegger l’authenticité la capacité à être vrai par la parole religieuse.

Pour Pascal, le contraire du divertir c’est le convertir. Celui qui se divertit refuse de, ou ne peut, se regarder en face, dans sa vérité, par peur de la solitude.

La véritable conversion s’est la conversion à la personne réelle [« se convertir, s’est se reconnaitre persécuteur » – René Girard http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Girard citant Raymund Schwager - http://en.wikipedia.org/wiki/Raymund_Schwager ]

Se convertir c’est sentir ne pas être soi même, se sentir être esclave de ce qui a pris possession de mon être, et enfin devenir libre et penser d’une manière rigoureuse.

Tous les problèmes des maladies de l’esprit viennent du divertissement et toutes les guérisons viennent de la conversion à soi et à la pensée.

Ce retour se fait vers l’égo transcendantal, le sujet pensant. C’est le cœur de la philosophie.

A la lumière de Descartes et Rousseau, il ne faut pas avoir peur de donner son opinion personnelle.

Par exemple, souvent en matière de morale, beaucoup cherchent ce que peut en dire la science ou les églises. Non, il faut tout oublier et dire ce que notre cœur nous dit de dire.

Dans les évangiles, tous les miracles passent par le « toi ». Tous ceux qui ne sont pas allés dans leur « soi », ne peuvent pas guérir. Le christ demande : « Est-ce que tu veux guérir, toi ? »

La vraie sagesse, ce n’est pas le prototype du sage avec une grande barbe blanche, un gourou qui consent au monde, mais c’est quelqu’un qui est profondément subversif avec comme principal intérêt l’authenticité et la vérité de l’homme. [Jésus Christ]

Notre maître intérieur nous dit : es-tu en train de penser, dis-tu des choses qui viennent vraiment de toi ? Alors, des fois, nous sentons que ce que nous disons n’est pas de nous, mais des autres, science, églises, partis, journaux [pharisiens].

La religion est relation et passe par la dialectique de la séparation. Mircea Eliade définit le mot religion http://fr.wikipedia.org/wiki/Mircea_Eliade par l’homme qui est relié au tout autre, à la source d’être.

Cette source d’être, c’est Dieu.

 [Exode 3 :14 : " Dieu dit à Moïse : "JE SUIS CELUI QUI SUIS. Et il ajouta : c’est ainsi que tu répondras aux enfants d’Israël : Celui qui s’appelle " JE SUIS " m’a envoyé vers vous ". La traduction en français est incorrecte, on ne devrait pas dire " celui qui suis " mais " celui qui est " Ehyéh asher Ehyé - Saint Jean 8, 51-59 : Jésus disait aux Juifs : « Amen, amen, je vous le dis : si quelqu’un reste fidèle à ma parole, il ne verra jamais la mort. » Les Juifs lui dirent : « Nous voyons bien maintenant que tu es un possédé. Abraham est mort, les prophètes aussi, et toi, tu dis : ‘Si quelqu’un reste fidèle à ma parole, jamais il ne connaîtra la mort.’ Es-tu donc plus grand que notre père Abraham ? Il est mort, et les prophètes aussi. Qui donc prétends-tu être ? » Jésus répondit : « Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien ; c’est mon Père qui me glorifie, lui que vous appelez votre Dieu, alors que vous ne le connaissez pas. Mais moi, je le connais, et, si je dis que je ne le connais pas, je serai un menteur, comme vous. Mais je le connais, et je reste fidèle à sa parole. Abraham votre père a tressailli d’allégresse dans l’espoir de voir mon Jour. Il l’a vu, et il a été dans la joie. » Les Juifs lui dirent alors : « Toi qui n’as pas cinquante ans, tu as vu Abraham ! » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : avant qu’Abraham ait existé, moi, JE SUIS. » Alors ils ramassèrent des pierres pour les lui jeter. Mais Jésus, en se cachant, sortit du Temple.]

Dieu, c’est le père, la matrice de tous les possibles, les semences qui donnent la grâce, avec une bonté en surabondance à l’opposé du père castrateur.

Comment le religieux met en place cette relation avec cette source d’être ?

C’est le contraire du fusionnel par la dialectique de la séparation qui se fonde sur la séparation du banal et la séparation de la séparation.

Il arrive à l’unité à travers la séparation. Le religieux n’est pas confusion, ce qui est le cas du mythe, mais relation. Cassirer  http://fr.wikipedia.org/wiki/Ernst_Cassirer proclame que l’erreur est commune en confondant le religieux avec la fusion avec l’idole. L’idole peut-être la sacralisation de sa maison, sa piscine, sa femme, sa famille, son parti, son pays. L’idole, c’est dire : moi, je ne crois pas en Dieu, mais je crois en l’homme. Les prophètes d’Israël disent qu’il faut arrêter de prendre Dieu pour n’importe quoi comme une forêt, un animal, pour votre religion en tant qu’appartenance sociale.

Le monde entier vit dans l’idolâtrie, envahit par le sacré sauvage. 

Les prophètes d’Israël proclament que Dieu est transcendance, toute autre chose, une autre dimension.

Alors nous avons affaire à quelque chose d’incomparable et d’unique, c’est ce que veut dire le monothéisme. 

Le danger de l’idolâtrie, c’est de comparer Dieu.

Dieu est un, incomparable.

Le regard transfiguré qui passe par le logos, juste milieu entre le banal et le tragique. La banalité, c’est le monde sans Dieu, le tragique c’est Dieu sans l’homme. La rencontre entre l’humain et le divin par le Christ. Le religieux sépare les hommes de la banalité. Si l’homme religieux, séparé du banal, glorifie l’existence et le monde, il doit également se séparer de la séparation. C’est l’expérience du tragique, comme celle de Pierre qui reconnait le Christ dans Jésus,  et qui croit pouvoir suivre le Christ partout, en se prenant pour Dieu, oubliant de faire ce qu’il a faire dans l’ordre qui est le sien. Pierre doit rester homme. C’est le problème de la folie. Il faut faire coïncider dans le monde qui est le notre, l’humain et le divin, en libérant notre liberté créatrice.

Les êtres religieux vivent en conscience et sont inspirés.

Le religieux et le philosophique se rencontrent dans la méditation  en ayant libéré l’ensemble de moi-même et ayant compris le tout-autre. 

Platon dit que la méditation c’est le dialogue de l’âme avec l’âme.

L’homme accompli c’est celui qui est immanent et transcendant.

Les trois preuves de l’existence de Dieu en guise de méditation : la preuve cosmologique, ontologique et Hégélienne par le savoir absolu.

La béatitude de Spinoza reflète bien l’état religieux face à la preuve cosmologique. [La béatitude, en effet, n'est pas autre chose que cette tranquillité de l'âme qui naît de la connaissance intuitive de Dieu, et la perfection de l'entendement consiste à comprendre Dieu, les attributs de Dieu et les actions qui résultent de la nécessité de la nature divine. La fin suprême de l'homme que la raison conduit, son désir suprême, ce désir par lequel il s'efforce de régler tous les autres, c'est donc le désir qui le porte à connaître d'une manière adéquate et soi-même, et toutes les choses qui tombent sous son intelligence].

La catastrophe de la part des religions fut de vouloir prouver au monde que Dieu existait grâce à la preuve cosmologique, mais les religions l’ont fait sans amour. C’est de l’idéologie religieuse, juste pour avoir raison en se servant de Dieu.

La méditation devant la nature est très bien représentée par le Zen, devant les haïku http://fr.wikipedia.org/wiki/Ha%C3%AFku et les Köan Zen http://fr.wikipedia.org/wiki/K%C5%8Dan_(zen) .

Trois gouttes de rosée sur un pétale de rose nous font découvrir l’infini.

C’est l’infini dans la paume de la main par William Blake 

[William Blake - Auguries of Innocence 

To see a world in a grain of sand,

And a heaven in a wild flower,

Hold infinity in the palm of your hand,

And eternity in an hour.]

Les petites choses nous parlent des grandes choses, en libérant le logos.

Je n’ai pas la preuve de l’existence de Dieu, j’ai l’expérience de la véritable vie.

Dans cette expérience, ce qui me dépasse ne me dérange pas : c’est le lâcher prise. 

Il ne faut pas parler des  preuves de l’existence de Dieu mais de témoignages.

La deuxième preuve ontologique est intérieure et non plus extérieure par la contemplation du monde.

L’idée de Dieu c’est Dieu, car cette idée ne pouvait pas être inventée.

L’idée de toutes les idées, c’est l’idéal. Nous sommes guidés par la perfection que personne n’a jamais vue.

Ce qui nous invente, nous ne l’avons pas inventé.

Descartes, en faisant l’expérience de la pensée et de « soi », cette conscience de ma conscience, c’est Dieu et l’idéal est très réel. 

La liberté, la justice et la vérité nous font avancer sans que nous les ayons vues. Sans cela, pas de civilisation.

Ce qui nous fait vivre, c’est quelque chose de totalement idéal, dont nous avons une idée et que nous n’avons jamais vu.

Dans la méditation, rien n’est insignifiant, rien n’est irréel. 

Introduction à Saint-Augustin par ses paroles : je crois ce que je crois parce que je comprends et je comprends parce que je crois.

Descartes est le philosophe de la méditation. 

                

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Réponse : la posture est nécessaire à la méditation.

La fausse philosophie n’est qu’une idéologie et une sophistique afin de permettre à l’homme de justifier son pouvoir. 

La méditation passe par le silence et aussi la parole pour prendre une position critique. Au lieu de dépendre des mythes, connais-toi toi-même.  Tout le monde pensant être sage, comment-faire pour s’en assurer ? Pensant l’être, personne ne l’est. La sagesse humaine est une folie. Pour Descartes, il faut penser par soi-même. Pour Kant, l’essentiel de l’existence est hors de notre conscience. 

La philosophie est une ascèse et une purification de l’esprit.

Par mythe, Bertrand Vergely entend un mensonge et un symbole. Platon utilise des mythes pour parler du transcendant, comme celui de la caverne, en prenant en compte les opinions plutôt que les idées. Hobbes et Rousseau racontent des mythes, mais pour illustrer leur vision du monde. Ce sont des mensonges vraisemblables. Le but des mythes est de ne pas désespérer et de fabriquer du futur responsable. 

L’être humain doit aller au delà du hasard et de la nécessité, vers la responsabilité.  

Nous sommes dans un monde marqué par la mort de Dieu. Nietzsche reprend cette mort de Dieu du christianisme.

Comment comprendre le christ. C’est une personne historique et théologique et  un mode de pensée.

L’homme historique apporte l’amour au centre de l’histoire. Le christ est métahistorique, par le fait qu’il est fils de Dieu. Il annonce après la religion cosmique, la religion transcendante monothéiste, puis ce qui caractérise  la religion chrétienne : Dieu en personne vient dans le monde. Ce Dieu vient sous la forme d’un petit enfant dans une crèche, et meurt sur la croix. 

La religion de la nature, c’est celle des stoïciens et d’André Comte-Sponville.  La dimension transcendante annonce que Dieu est au-delà de la nature, en cela annoncé par les prophètes. 

Les romains et les grecs attendent un Dieu magnifique et les juifs attendent un roi qui recréera le royaume d’Israël. Alors le christ est un scandale pour l’antiquité. 

La notion de mort de Dieu, c’est la mort de Dieu par celle de son fils. La kénose, http://fr.wikipedia.org/wiki/K%C3%A9nose c’est le dépouillement total  du père, par l’abaissement total dans l’infamie par le risque de la procréation et de la mort de son fils. La véritable religion c’est celle de la vie, et pour ça Dieu, préfère mourir pour ne pas faire mourir l’humanité.

Le point crucial de la croix, c’est la fin des religions de la mort et du sacrifice [René Girard]

La véritable religion de l’époque est celle de la violence. La religion de l’ancien testament n’a pas été étrangère à cela.

Le principe chrétien est un principe subversif : la mort pour ne pas mourir.

Le véritable symbole de la croix est celui de la rencontre du divin et de l’humain. 

Le christ dort sur la croix dans la tradition orthodoxe, il n’est pas en souffrance, afin de ne pas laisser une image contraire à l’amour.

Nous vivons depuis 2000 ans avec la mort de Dieu. 

Alors intervient, sous le mode de l’imprévisible, la rencontre de la philosophie et de la religion.  

Lorsque les scientifiques examinent le réel, ils sont dans la rencontre avec la mort de Dieu.

Le principe christ n’est pas abouti dans l’histoire de l’humanité. 

Lorsque je vis l’expérience de la nouveauté et de la vie réelle, je vis la création. Comme le montre la mécanique quantique et la relativité générale.

Bergson le montre par son évolution créatrice. 

Le christ, c’est l’intelligence de demain, c’est le prince des philosophes, qui s’ouvre à des niveaux de réalités extraordinaires.

La rencontre entre le transcendant et l’immanent prendra des milliers d’années.

Chaque philosophe a des moments visionnaires depuis les présocratiques, qui sont des préchrétiens selon Simone Weil, jusqu’au christ.

L’histoire de la philosophie montre les efforts de synthèse entre la religion et la philosophie : les arabes, Maimonide, Thomas d’Aquin, puis la renaissance. 

Maintenant nous sommes dans l’ère de l’informatique, du signe, propres à nous faire entrer dans le principe christ.

Nous sommes maintenant plus proches du principe christ.

La théologie négative est à l’origine de la théologie créatrice. S’il n’y avait pas eu le christianisme, la philosophie aurait disparue.

Le véritable christianisme, c’est ce que nous faisons : la discussion créatrice.

Spinoza a dit, il y a eu deux philosophes au monde, Jésus et moi.

Les gnostiques.   http://fr.wikipedia.org/wiki/Gnose

Dieu, c’est l’énergie créatrice qui informe le monde pour l’amener à un niveau de plus en plus élevé.

La connaissance, c’est rentrer dans la sagesse de Dieu et de rentrer dans ces niveaux.

La gnose, ce sont les partis révolutionnaires : la destruction, puis le renouveau.

Un grand danger pour la religion (chrétienne) : le piétisme  http://fr.wikipedia.org/wiki/Pi%C3%A9tisme

Le principe Christ ne pouvant s’assimiler profondément et facilement, il est nécessaire que des périodes historiques de phénomènes divino-humains prennent leurs places parmi des communautés, comme c’est le cas de l’Islam – passage obligé et transitoire. C’est comme la psychanalyse qui ne peut pas faire l’économie d’un certain nombre de passages.

A l’intérieur de l’Islam, le principe Christ continue de travailler.

Ce n’est pas parce qu’on proclame le Christ, qu’on a compris, et ce n’est pas parce qu’on ne le proclame pas, qu’on n’a pas compris. 


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La croix et le verbe sont la même chose. Le principe Christ : chaque atome de l’univers est relié. Ainsi il y a une relation permanente entre le monde céleste et le monde terrestre.

La création est ininterrompue. Il [Il] nous est demandé de vivre cela consciemment.

Nietzsche est un mystique contrarié extraordinaire  qui assiste au double échec de la religion et de la philosophie qui se traduit par la mort de Dieu.

 Selon Platon, la sagesse c’est la domination de l’esprit sur la matière et le corps.

Mallarmé : La chair est triste, hélas! et j’ai lu tous les livres. Fuir! là-bas fuir! [Brise marine]

L’idéal empêche l’homme d’être divin. La vérité, c’est le renoncement  à l’idéal.

Il ya la réalité, et être dans le réel est plus riche que d’être dans l’idéal.

Si on accepte le tragique on devient vraiment l’homme existentiel [et donc divin]

La religion et le christianisme : Nietzsche dit que si vraiment le christ était ressuscité, cela devrait se voir sur les visages des chrétiens.  La plaie du monde, c’est la morale, encore plus infantile dans sa version chrétienne, en fabricant de la culpabilité. La morale apparait comme une vengeance dans l’ordre de la vie. Il voit les chrétiens comme des êtres maladifs qui glorifient la faiblesse et l’échec. Il vaut mieux être pauvre et malade pour [certains] chrétiens, comme le disait Saint-Augustin qui pensait la souffrance comme nécessaire à la foi.

La civilisation est infestée par l’idéalisme et le moralisme chrétien, selon Nietzsche, induisant des scènes de vengeance collective, comme le montre les révolutions ou les écologistes en voulant sauver la planète par l’élimination des hommes. D’autres exemples avec Pol Pot, Hitler et Staline.

La mort de Dieu, [Gott ist tot]  http://fr.wikipedia.org/wiki/Dieu_est_mort_(Friedrich_Nietzsche)  paragraphe 125 du Gai Savoir : « Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c'est nous qui l'avons tué ! Comment nous consoler, nous les meurtriers des meurtriers ? Ce que le monde a possédé jusqu'à présent de plus sacré et de plus puissant a perdu son sang sous notre couteau. — Qui nous lavera de ce sang ? Avec quelle eau pourrions-nous nous purifier ? Quelles expiations, quels jeux sacrés serons-nous forcés d'inventer ? La grandeur de cet acte n'est-elle pas trop grande pour nous ? Ne sommes-nous pas forcés de devenir nous-mêmes des dieux simplement — ne fût-ce que pour paraître dignes d'eux ? »

L’idée la plus géniale est l’athéisme, mais celui-ci vient trop tard, et nous avons échoués à cause de la question du christ. Il faut donc trouver une autre réponse pour répondre à la crise de l’humanité.

Les hommes sont dans la honte et la vengeance et veulent le pouvoir. Contre cette castration du monde, la réponse est le divin par la mort de Dieu. 

Dieu est une entité garante du savoir et de la morale. Dieu n’est pas divin mais terrible.

Pour les chrétiens, il faut une garantie du savoir et de la morale par un Dieu [catéchisme].

Nous présupposons qu’il ya un savoir du savoir et une morale de la morale, représentée dans la morale chrétienne par un œil qui surveille les hommes. C’est le surmoi freudien. Ainsi, on s’interdit de vivre et de penser, donc du divin. La mort de Dieu, c’est supprimer cet œil. Il faut remplacer Dieu par le divin.

L’athéisme, tel qu’il a été conçu, est une mauvaise réponse, même si cet athéisme du XIXème  était une bonne intuition. Je suis athée, car je veux me responsabiliser.

L’athéisme ne va pas au bout. En devenant un être existentiel, nous existons, complètement. 

L’athéisme moderne, c’est la religion de l’homme, de la science et de la technique, qui met un autre œil, celui du pouvoir de l’homme.

La mort de Dieu, c’est le divin, pas comme la révolution française, qui apportait la solution. Etre révolutionnaire, c’est arrêter d’apporter des solutions. 

Son apport est essentiel, mais il demeure limité dans son entreprise.

La vie divine, c’est la déification, par une rencontre entre la philosophie et la religion, en nous faisons connaitre l’extraordinaire de la vie. La moindre parcelle de quotidien devient alors existentielle.

Un exemple, le chanteur Grand Corps Malade  http://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_Corps_Malade

Voila un homme existentiel, qui vit, qui a le divin en lui. 

Une philosophie qui ne nous amène pas dans le divin n’a pas de sens.

Nietzsche aurait du revenir vers le christianisme véritable et non pas le combattre. Nos philosophes n’ont rien compris à la mort de Dieu et nous sommes dans l’athéisme « bourgeois ». Nos philosophes sont athées pour une bonne chose : il est normal de se révolter contre la religion d’aujourd’hui et contre l’état de monde. On s’emmerde dans les églises et les cours de philosophie. 

On nous propose deux types de réponse : celle de Marcel Gauchet et Luc Ferry et celle d’André Conte-Sponville et de Michel Onfray. 

La première, c’est de dire que la religion, c’est finie. La mort de Dieu signifie remplacer Dieu par la laïcité et les droits de l’homme. Evidement, les droits de l’homme sont préférables à la dictature islamiste. Mais la laïcité et les droits de l’homme sont de nouveaux flics. Nous sommes dominés par la laïcité et le politiquement correct. Le désenchantement du monde ne nous libère pas de ce que nous pensons mauvais dans le religieux. Ca le reconduit autrement. 

C’est ni la religion connue aujourd’hui, ni l’humanisme qui nous sauverons, mais une vie accompagnée d’être existentiels comme les Saints. Il nous faut « Un » véritable homme. 

La seconde propose un athéisme mystique. On ne peut pas adhérer à Dieu ni à l’humanisme tels qu’ils sont. Michel Onfray est en quête d’une puissance existentielle solaire avec Nietzsche. André Conte-Sponville n’est convaincu par aucun discours de Dieu, mais par la recherche d’une authenticité intellectuelle, il est convaincu par l’homme et seulement l’homme, comme il considère que Sœur Emmanuelle est un maître. Il veut une spiritualité sans Dieu. Pour lui, Dieu pèse sur les hommes. Il intègre le mystère et la personnalité du Christ et reconnait les valeurs chrétiennes tout en se refusant le Tout Autre.

Michel Onfray pense faire de la spiritualité qu’avec de l’existentiel sans Dieu et André Conte-Sponville qu’avec  de la morale.


Nietzsche a inspiré Nicolas Berdiaev   http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Berdiaev   et Olivier Clément 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Olivier_Cl%C3%A9ment_(%C3%A9crivain)


Le bon côté du surhomme nietzschéen est celui qui représente l’homme autonome qui agit sans chercher à se faire plaindre, sans chercher d’échappatoire et faisant toujours face.


Mais Nietzsche a loupé le Divin, en passant plus de temps à « taper » sur le christianisme qu’à le vivre véritablement. 

En reprenant Kierkegaard, Bertrand Vergely, en considérant la tête des cardinaux, ne se sent pas attirés particulièrement par le catholicisme.

L’Eglise ne peut pas être un barrage vers le Tout Autre (Bertrand Vergely dit que tout le monde, ou presque se moque des discours du Pape sur le préservatif et que l’Eglise n’emmerde plus personne…)

Le seul responsable de notre immobilisme face au Tout Autre, c’est nous et nous seuls.

Il faut soi-même vivre, comme le firent les Pères du Désert qui sont partis vivent une vie différente.



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Récapitulatif :

Atelier pour réfléchir au rapport entre la philosophie et la religion qui se placent dans un rapport commun de respiration. 

La philosophie, en tant qu’exercice rationnel de l’esprit, nous permet de revenir dans la réalité concrète, tandis que la religion permet d’aller vers le Tout Autre.

Le bon équilibre passe par les pieds sur terre et la tête dans le ciel.

La relation entre les deux donne la respiration, l’homme pneumatique. 

http://www.centresaintecroix.net/homme-pneumatique.html

Cette respiration est trouvée dans la méditation, par une parole qui résonne en nous, une parole qui est à la fois vivante et intelligente.

C’est le dialogue intérieur qui nous fait vivre. C’est le logos, la véritable raison, relation entre la raison et l’être.

La mort de Dieu est l’aboutissement de la crise de la civilisation entre la philosophie et la religion.

Pour Nietzsche, l’homme divin est l’homme complet tel qu’il devrait être : religieux et fort, aux paroles inspirées et inspirantes, à la vie créatrice. 

Nous devrions vivre extraordinairement et être passionnés par le fait de vivre.

Dostoïevski a raison en dénonçant les idéologues inquisiteurs de la religion et de la philosophie. 

Réfléchir ainsi, c’est réfléchir sur la catastrophe des dictatures inquisitoriales religieuses et philosophiques qui a conduit à la perte de l’homme existentielle.

Hannah Arendt   http://fr.wikipedia.org/wiki/Hannah_Arendt  , au procès d’Eichmann , a vu un individu médiocre, contraire de l’homme Divin. 

Spinoza disait qu’il faut le Christ en philosophie, pas comme Nietzsche http://fr.wikipedia.org/wiki/Nietzsche qui avait lancé une fatwa avec son livre l’antéchrist.  http://fr.wikipedia.org/wiki/L'Ant%C3%A9christ_(Nietzsche)

La mort de Dieu, c’est la crise de l’homme occidental qui souffre de ne pas pouvoir accoucher de son être divin, au milieu d’une foule de possibilité donné par le monde moderne.

La réponse à ce problème, ce n’est pas de répondre qu’il y a trop de religions, mais de reconnaitre qu’il n’y a pas d’hommes Divins.

Les philosophes d’aujourd’hui pensent comme les philosophes de la fin du XVIIIème siècle.

Si demain, l’homme ne peut pas vivre son être divin, en devenant l’homme existentiel, alors il sera sous une nouvelle inquisition, celle de la laïcité, des droits de l’homme, de la tolérance, du politiquement correct. 

Ecouter le Christ c’est écouter une religion philosophique et une philosophie religieuse, en nous touchant au plus profond de nous même.

Introduction à la transfiguration qui est l’essence de la véritable pensée 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Transfiguration_(christianisme)


Réponse à une question au sujet de René Guénon :  http://tourl.fr/aitt

Bertrand Vergely a été un peu déçu de ses quelques lectures, bien qu’il faille considérer le travail de René Guénon comme essentiel pour réveiller notre spiritualité. Il a fait éclore l’idée que l’homme Divin est un homme de connaissance et non pas un « flic » comme l’avait été Maurras.

Bertrand Vergely est en accord avec Spinoza qui reconnait avoir un amour intellectuel de Dieu. Cet amour fait penser. Et c’est ou l’inquisition ou la connaissance.

Citation d’un sermon du  Père Boris Bobrinskoy appelant à transformer sa religion en théologie.

A l’inverse, le piétisme religieux conduit à la police sociale, comme on le voit dans les groupes évangélistes, qui tendent à une fusion avec Dieu mais cela se termine en fondamentalisme.


Réponse à une question sur la morale et l’éthique : http://tourl.fr/aitu

Il y a une « petite » morale, moralisatrice, par rapport à un conformisme et un modèle. 

Mais pour nous penser, il faut de la morale, de l’éthique et des valeurs.

Face au mal, j’oppose des principes fondamentaux. La morale nous dit ce qu’il faut faire ou ne pas faire, ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. La morale nous fait réfléchir sur le meurtre et l’inceste. La morale pose donc le problème du mal. Cela débouche sur la vertu, avec le risque de la paranoïa, en voyant le mal partout et donc aller vers l’inquisition. Platon et Kant sont les hommes de la morale.

L’éthique parle du bien, pour nous construire à partir de la réalité. Cela débouche sur le bonheur. Aristote et Spinoza sont les hommes de l’éthique. Pour Spinoza, Dieu ne veut pas le combat contre le mal, mais le bien, l’utilité et enfin le bonheur. L’éthique est pragmatique. Qu’est-ce qu’on peut faire pour apporter du bien. 

Les valeurs sont à rapporter à soi : que voulons-nous ? La déontologie est une question de valeurs. 


Réponse à la question de la définition de la philosophie et de son éventuelle mort au profit de la littérature si tout a été dit. http://fr.wikipedia.org/wiki/Philosophie

La philosophie est la pratique du jugement. Elle est donc propre à l’homme et ne saurait lui être étrangère. C’est l’observation du réel, la pratique de l’expérience,  la validation des idées, le jugement tout cela afin de posséder de la sagesse qui est du savoir.

Le philosophe est celui qui a transformé le chaos du monde en ordre et en sens. La philosophie est éternelle. Elle existait à l’intérieur des mythes et elle est fondatrice de la culture humaine. 

Toutefois il faut éviter le trop d’abstraction et le trop de sensibilité. 

La philosophie est une construction de concepts et un art de vivre. Ce point d’équilibre est très difficile à atteindre et rares sont les philosophes qui l’atteignent. 

L’exemple nous est donné par une philosophie de l’émotion avec Bernard Henry-Lévy qui rameute tout le monde sur les misères du monde d’un part et d’autre part la philosophie nord-américaine qui nous alerte sur le charabia des philosophes et nous renvoie aux conditions de possibilités d’un énoncé valide.

La philosophie « absolue » n’existe pas. Il a y quelques lueurs dans les discours philosophiques. Sartre a été aveuglé par le communisme et Heidegger par le nazisme. 

Il est très difficile d’arriver à la parole juste, au discernement.

Je ne connais pas une philosophie qui tienne la route, sauf probablement celle du Christ.

Tout ça pour que, ramener à soi, on en fasse un édifice, celui d’une vie juste et belle []

La vie me passionne, j’essaye de comprendre, qu’est-ce que je peux garder pour moi. Et cela a du sens.

Il faut être clair dans son propos, donc clair en soi, sinon, c’est de l’ordre du discours, pour le savoir, donc du pouvoir. On n’est plus en soi.

Toutefois, on construit des dogmes, et c’est l’horreur des théories. 


La réponse à la mort de Dieu, mort posée par Nietzsche, c’est l’homme Divin qui vit ce qu’il est et qui est inspiré à partir de ce qu’il vit.

Cela donne un être qui a une parole. C’est une parole imprévisible qui est hors système mais très cohérente. On ne sait pas d’où elle vient et on se sait pas où elle va.

Elle est inventée au moment où elle est produite. Ce n’est pas le contrôle du monde à partir d’un discours. C’est une véritable production d’un discours. C’est la parole de quelqu’un qui ne sait pas ce qu’il va dire, et non pas quelqu’un qui sait ce qu’il va dire.

Cela donne les véritables moments d’intelligence de notre vie, touchant notre intellect et notre cœur.

Pour cela, c’est-à-dire advenir à la pensée existentielle de l’homme divin, il faut une autre logique : la guerre. Comment ?

Le philosophe Alain   http://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_(philosophe)  dit : penser, c’est dire « non ». Dire « non » à soi, et non pas dire « non » au monde.

Ceux qui tiennent des discours à partir du savoir ne s’interrogent plus sur eux. 

Celui qui parle de lui-même, l’homme Divin, est celui qui nous éclaire, c’est le libérateur.

Au temps du Christ, les évangiles témoignent de la lutte entre le discours de la loi et celui du Divin.

Les docteurs de la loi veulent la mort du Christ et le Christ veut la vie des docteurs de la loi. Ils ne se laissent pas inspirer par leurs raisons d’être. 

Il faut faire la guerre au savoir et au pouvoir. Tant qu’on n’est pas un être existentiel, on ne lâche pas.

Socrate, Descartes et Kant pensent contre eux. Socrate invente la question, Descartes s’exerce à douter, Kant élabore la notion de critique.

De la débouche la pensée que le monde et Dieu sont impensables. 

Faire l’expérience de l’homme Divin, c’est introduire l’inimaginable.

Qui sommes nous pour oser penser qu’on pense. Que savons-nous ? Que savons-nous ?

Qu’est-ce que tu sais de la réalité et de ce que tu es en train de dire ? Là, nous sommes dans la guerre.

La tragédie du monde est d’avoir affaire à des êtres qui ne s’interrogent plus sur eux-mêmes. Ce sont donc des êtres qui sont des menteurs. Ils sont dans le pouvoir et la violence. 

L’individu menteur, qui joue à penser, cherche à protéger sa pensée, et en devient donc inquisiteur, encore plus menteur et encore plus violent. 

L’être inspiré qui vient rétablir la vérité est mis à mort. Socrate et Jésus sont mis à mort. 

Aller au conflit, c’est ce qui manque à la philosophie et à la religion, qui ne sont pas capables d’aller contre elles-mêmes. 

La vraie philosophie se moque de la philosophie. 

Bref, dans ce séminaire, nous devons arrêter de parler de philosophie et de religion. (Rires)

Le sens du sens réside dans le fait d’arrêter le sens, ce que ne font ni la religion ni la philosophie. 

Le sens, c’est la signification, la direction et l’intuition. 

Pour que les choses aient une signification, il faut qu’elles cessent d’en avoir. Quand les choses n’ont qu’un seul sens, cela veut dire qu’elles sont mortes. 

La liberté et l’amour n’ont pas qu’un seul sens. Personne ne sait ce que c’est que la liberté ou l’amour, pourtant chacun parle de la liberté et de l’amour. 

On peut parler de tout, mais il faut partir de soi.

Si on disait que la vie n’avait pas de sens, alors ça n’aurait pas de sens, donc on impose un sens, comme les créationnistes américains à l’image de Maurras, à l’inverse des athées militants qui tiennent le discours opposé, en mettant en avant le hasard et non pas la nécessité. 

Jacques Monod «  Nous savons désormais, que l’homme est venu par hasard, dans un univers totalement indifférent… » Comment pouvait-il savoir ? Quelles preuves apportent-il ?

La direction est donnée à partir d’une personne qui vit sa direction. 

Le monde a du sens lorsqu’il va vers l’individu qui pense. L’homme est le sens du monde et de la création. 

Lorsque Dieu dit à Abraham « [ לֶךְ-לְךָ Lekh Lekha ]- Vas vers toi même … » [Ge 12-1] cela signifie que le monde est là pour faire accoucher l’homme, l’homme vivant Divin. C’est une direction du monde.

L’histoire à du sens lorsqu’il y a l’homme vivant. 

Avoir le sens des choses, c’est avoir une intuition référée, il n’ya pas un sens en soi qui nous explique le sens de la musique, de la danse, de la littérature ….  

La réponse à la mort de Dieu, c’est faire passer le monde par nous. Parles toujours à partir du cadre de toi-même.

Tous les crimes de l’histoire viennent de gens qui ne parlent pas en soi, pour les autres, pour le monde, pour Dieu. 

Il faut revenir à soi et faire la guerre à ce qui n’est pas soi, c’est l’ouverture du cœur, pour habiter sa propre parole. 

Parles-nous de ce qui a du sens pour toi, la religion, la philosophie, pour habiter ta propre parole.


Qu’est-ce qui uni la philosophie et la religion ? Ce qui les uni, c’est le ET, qui symbolise le conflit de la philosophie avec la philosophie et le conflit de la religion avec la religion.

Je vais faire la guerre à l’inquisiteur qui est en moi 

Réponse à une intervention du Père Philippe Dautais demandant des éclaircissements sur ce « moi » qui est difficile à découvrir pour chacun et qui est autant le fruit d’un rapport au monde que le résultat  de notre génétique. 

Bertrand Vergely dit que le Père Philippe parle de savoir, et donc commet une erreur à ce sujet. Le Père Philippe parle de référents et donc de savoir.


Il ne faut  pas confondre l’ego et le retour à soi. Il faut discerner le moi psychologique, résultat de notre histoire et de notre génétique, le moi philosophique et le moi religieux, et le moi véritable qui est le moi méditatif, l’homme de paroles. [Ce sont les prophètes, les fous et les artistes]

Il ne faut pas confondre le retour à soi avec le bien-être psychologique, style new age, qui ne flatte que son égo.

Le « connais-toi-même » est a l’opposé de ce que peut en dire « Psychologie magazine ».

Nous avons tous fait l’expérience de ces moments de paroles [prophétiques]

L’homme spirituel c’est celui qui s’est construit, que sait recevoir, qui est inspiré.


Le Père Philippe rappelle la fulgurance de ces moments de paroles inspirées et considère qu’elles sont hors de notre champ de la volonté. Bertrand Vergely, quant à lui, considère que ces paroles ne sont pas liées à notre volonté, mais ne sont possibles que là où elles sont attendues et ne peuvent advenir là où elles sont défendues. L’homme non spirituel ne peut les dire. [Ils les dits, mais faiblement]


L’homme pneumatique, ou l’homme inspiré et existentiel, créatif, qui a lâché prise, c’est le rassemblement du philosophique ET du religieux. C’est la plénitude de l’être spirituel. 


Intervention de la jeune femme au visage de « Mater dolorosa », qui a passé 10 ans en Inde et se présente Chrétienne et Bouddhiste : je peux être, dans ma vie quotidienne, totalement inspirée. Il n’est pas besoin de parcourir un long chemin pour être ainsi unifiée. 


Ceci mérite donc ce combat permanent contre soi, pour revenir vers l’être véritable. On comprend ainsi les paroles du Christ : « Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre : je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive….   [Saint Matthieu 10, 34] 


Il est important de penser à un au-delà du religieux. Un bon exemple est donné par la création artistique. [L’homme Pneumatique fait de sa vie un art.}




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L’unité entre Dieu et l’Univers, c’est toi, en unissant le ciel et la terre, en libérant l’être spirituel. C’est une expérience très difficile à mettre en œuvre en philosophie. 


Trois mauvaises réponses à la relation philosophie religion : religion servante de la philosophie et son inverse et  « Comprendre pour croire et croire pour comprendre»  Saint-Augustin.


La vraie philosophie, c’est laisser advenir la surprise. Le Thomisme ne se laisse pas surprendre. Il a réponse à tout. 

Une pensée vivante est une pensée qui se crée pour répondre aux questions nouvelles qui ne manquent pas de se poser au fur et à mesure que le monde se fait et se crée. 


Intervention d’un séminariste qui narre son passage à la frontière tchécoslovaque, du temps du rideau de fer, en ayant recouvert ses bagages d’un journal vantant les mérites du parti, ce qui  lui évita une fouille prévisible.


Saint-Augustin, malgré son énoncé heureux qui évite de mettre une hiérarchie entre la croyance et la compréhension, est ambigu par le caractère abstrait de ce slogan qui est potentiellement totalitaire par l’obligation de croire au savoir. Il manque à Saint-Augustin une approche antinomique, qui respecte les équilibres entre les opposés. Croire, aveuglément, c’est assujettir, et ainsi n’avoir plus de contact avec son être intérieur. [Ces femmes, pas encore vieillies, qui doutent de leurs croyances, parce qu’elles ont crues aveuglément]

Celui qui croit vraiment, c’est celui qui est capable autant de croire que de ne pas croire.

Rien ne m’oblige de croire et c’est pour cela que je crois.

Il a manqué à Saint-Augustin l’antinomie propre à l’Orthodoxie. http://orthodoxie.free.fr/dialectique_hegelienne.htm


Celui qui comprend tout [Jacques Attali] ne comprend rien. Il faut une intelligence du cœur [Pascal, Spinoza]

Tout n’est pas justifiable au plan de la raison. La réconciliation entre la foi et le savoir chez Augustin n’est pas valide, il a ainsi conduit l’église à armer son bras et à mettre en avant la culpabilité de l’homme au travers du péché originel.


Je deviens un être personnel quand j’arrête de croire naïvement, lorsque je combats. Il faut toujours introduire la proposition contraire à ma proposition. 

Ce « négatif « est nécessaire à l’émergence de l’homme divin. Dès que les mots « il faut » sont prononcés, l’homme disparait. 

Dans le monde d’aujourd’hui, la confrontation entre l’intégrisme religieux et la laïcité peut déboucher sur un nouveau drame historique.






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Le contraire de l’intelligence, c’est la bêtise. La non intelligence est l’introduction d’une autre intelligence [jacques Attali]

Pour aboutir à l’homme divin, il faut faire l’expérience du contraire. Va dans ton contraire. Le Christ dit « Aimez vos ennemis ». 

Les oppositions et les contraires que nous n’avons pas vécus nous reviennent sous forme de violences. 

A l’inverse, les oppositions vécues nous permettent une véritable paix. 

L’être spirituel va partout, sans peur. 

Nous attendons que l’humanité  accouche de sa véritable intelligence. 

Malgré la laïcité et le reflux des religions, tout le monde à soif du spirituel.

Le monde de demain est en marche. Il sera difficile, mais il continuera de progresser.

L’homme véritable n’est pas encore accouché. « Deviens ce que tu es ».

Si l’homme s’accomplit, alors tout l’univers a du sens. L’univers attend l’homme. Nous attendons notre mutation.



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Nous avons des sensations et des idées pauvres. Nous devons réfléchir à ce que nous pensons et sentons. Nous devons  devoir avoir une idée de l’idée. Nous devons nous constituer en sujet face au monde. Il faut avoir une relation à la philosophie et à la religion. Nous sommes des individus qui n’existons pas en tant que sujets. 

La dimension du soi, c’est la spiritualité pneumatique. Nous sommes donc dans l’idéologie. Qu’est-ce qui manque : des personnes [prophètes] 

Celui qui a la foi sait ce qu’il veut à propos de la foi. 

Le Christ face aux docteurs de la loi qui n’existent pas existentiellement.

Lorsque quelqu’un existe, il est dit des choses de sens. [Véronique Le Gac]

L a personne : être soi, c’est hors technique et sans recette, c’est résister aux autres, c’est résister à soi, c’est résister à la pensée.

C’est ne pas se confondre avec les autres et aussi ne pas se confondre avec soi, dans son rôle social. 

On est soi lorsqu’on devient le canal de l’esprit de la pensée universelle [Spinoza]

La vie parle à travers nous, pour concerner tout le monde.

Mozart de fait pas sa musique, il fait LA musique, universelle. Il transforme le monde en esprit et en langage. Nous aimons Mozart, non pas parce que c’est joli, mais parce que nous existons universellement. Les premières notes des nocturnes de Chopin nous donnent non pas à écouter de la musique, mais à nous faire entendre la vie. Je touche avec Chopin quelque chose qui est de l’ordre du sacré. Je ressors de l’écoute de Mozart ou de Chopin transfiguré.

 Vermeer nous fait voir la vie au-delà de sa toile. Le paysage du Mont-Blanc, c’est la vie. 

L’universalité n’est pas l’unanimité ni la généralité.

Nous devenons le canal de l’esprit, où ce n’est pas nous qui parlons, mais l’esprit, la vérité qui parle en nous.  

La thérapie, c’est revenir à la vie, contrairement à la médecine. 

La différence entre l’individu et la personne.

L’individu est au plan horizontal. C’est ce qui le caractérise par ses différences concrètes. 

La personne, c’est l’individu qui s’est transcendé. 

Le corps en tant que personne : je vois un danseur, et non pas un corps. Après la mort, c’est l’apparition du corps. C’est le corps en tant que personne qui pense. 

La personne morale et juridique, citoyenne, porteur d’une corporéité sociale par ses droits et devoirs.

La personne spirituelle qui s’exprime dans la création, l’homme fondamental vivant, il est révélé à l’intérieur de lui-même. Suprême de la guérison. On est dans la paix. Nous donnons confiance à l’autre, à la vie. C’est beau.

Nous sommes ici au fondement de la création. Dieu n’a pas créé l’homme. Si Dieu a créé l’homme, l’homme ne peut pas être libre – Sartre. L’homme ne peut pas être la chose de Dieu. Et c’est pourquoi beaucoup préfèrent voir l’homme descendre du singe que du « vase » de Dieu.

L’homme a été créé pour sa ressemblance avec Dieu. Dans la création, il y a un effacement de Dieu pour laisser sa place à l’homme. La création de l’homme n’est pas finie. L’homme ne sera créé que lorsqu’il sera à la ressemblance de Dieu. Le monde et l’homme n’existent pas encore. 

L’homme a été créé « en tant que ».

La genèse doit être lue avec attention pour faire taire les querelles entre créationnistes et darwiniens. 

En toute rigueur, tout est en cours d’évolution, ceci en fonction des sciences et des connaissances philosophiques.

L’homme n’existe pas, mais la personne, en tant que canal de la vie. 

La personne est placée au centre de l’homme.

Qui a vu l’homme ? En revanche existe l’évolution, la manifestation de la vie, la personne créatrice. 

Je regarde tous les niveaux de l’être, et là je ne suis plus dans le mental, mais dans le spirituel. 

Le chainon manquant entre le singe et la personne, c’est l’homme « en tant que ».

Dieu a créé le mimétisme créateur [sans citer René Girard] il a créé le en tant que, la représentation…

On ne comprend rien au christianisme si on ne comprend pas la personne. Tout représente et porte quelque chose. Dans une icône, on voit un visage et une auréole, une personne.

Vous voulez parler de vous, parlez des autres, vous voulez parler de vous, racontez une histoire. 

 Le christ, c’est la rencontre entre Dieu et l’homme. C’est une mine pour devenir un créateur, en dédoublant le divin et l’humain. 

La Grèce lorsqu’elle veut parler de l’homme, elle parle de mythes, comme Jésus parle aux hommes par des paraboles.

Le ciel, c’est la terre de la terre, et Dieu, c’est l’homme de l’homme. Ceci libère le religieux. 

Quand le religieux est personnel, c’est le miracle. [Franz Kafka] 

Il ne faut pas confondre le Dieu personnel avec le dieu égotique. Le Dieu personnel et lié à la personne.

Le Dieu personnel veut dire que le Dieu est une matrice de sens pour comprendre l’homme. Si tu veux comprendre l’homme, passe par Dieu, qui désaliène l’homme. 

Si on passe par l’infini de l’homme, le côté céleste de l’existence, nous éduquons l’homme en Dieu.

Qu’est-ce que parler du divin de l’homme, c’est parler du meilleur de l’homme. C’est parler de mon vrai moi, de ma personne.

La relation entre religion et philosophie, c’est parler de l’excellence en nous et à l’intérieur de la réalité.

Les médiévaux disait que le réel est éminemment réel. Le réel possède une part d’excellence.

Le religieux est un principe d’intensité et d’énergie pour le réel. Nous avons besoin du religieux, comme disait Descartes à propos de Dieu qu’il considérait comme la meilleure part de lui-même. Sans Dieu, je n’existerai pas, et je ne peux pas exister sans la meilleure part de moi-même. C’est là que se trouve le soi.

Nous sommes dans une anthropologie théologique. Son ami, Yves Corneau,  a écrit, le meilleur de soi-même [en fait Guy Corneau : le meilleur de soi http://fr.wikipedia.org/wiki/Guy_Corneau]

La religion, en tant qu’elle est philosophique nous parle de nous-mêmes.

Le christianisme, depuis Origène,   http://fr.wikipedia.org/wiki/Orig%C3%A8ne nous parle de nous. 

Pour comprendre quelque chose de l’ordre de Dieu, il faut comprendre quelque chose de l’ordre de l’homme [Simone Weil : « Avant d’être une théorie de Dieu, une théologie, les Evangiles sont une théorie de l’homme, une anthropologie  - http://fr.wikipedia.org/wiki/Simone_Weil ]

Le matérialisme bien compris grâce à Marcel Jousse  http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Jousse et Gaston Bachelard  http://fr.wikipedia.org/wiki/Bachelard  

Marcel Jousse, en étudiant l’anthropologie araméenne, a compris la divine trinité en comprenant la parole et le souffle. Le langage part du parlant qui habite le monde. L’origine du langage est existentielle.

Un amoureux qui aime n’a pas besoin de parler pour dire qu’il aime, ça se voit. [Dans le film, Amélie Poulain, une fois qu’elle ouvre la porte à son amoureux, il n’y aura aucune parole de dite entre elle et lui]

La nature parle, parce qu’elle est pleinement vivante. Le silence est parlant. 

La parole humaine, c’est le passage au culturel du parlant du monde. On traduit le parlant en parole. On passe par un canal, pour non pas exprimer une parole, mais dire quelque chose à quelqu’un, établir une relation entre le locuteur et l’auditeur.

Rappel du langage : émission, réception, interprétation. 

Le souffle, ce n ‘est pas simplement lorsque quelqu’un est dans la parole, mais il dit quelque chose de créateur [quoi ?] : la philosophie, la poésie, la relation humaine profonde…  ce n’est donc pas du parlant, mais du souffle.

Le souffle, c’est la synthèse entre la parole et le silence.

Marcel Jousse dit que ce n’est pas la théologie qui lui a apprit la divine trinité mais le langage humain, l’homme.

La meilleure théologie est dans l’anthropologie.

Origène nous dit que les récits, la bible, les évangiles, les mythes nous parlent de l’homme.

Derrière la psychanalyse, l’anthropologie de Levy-Strauss [sans parler de René Girard dans « Des choses cachées depuis la fondation du monde » http://www.amazon.fr/choses-cach%C3%A9es-depuis-fondation-monde/dp/2253032441 ] nous parle des hommes par le biais des mythes. 

L’enseignement biblique qui nous donne le chemin du ciel pour connaitre la terre.

Gaston Bachelard nous explique que si nous voulons comprendre l’âme, il faut passer par le feu, la terre et l’eau. 

Ce qu’il manque au christianisme, c’est l’anthropologie fondamentale relation entre le ciel et la terre : vous  voulez comprendre l’homme, allez vers Dieu, vous voulez comprendre Dieu, allez vers l’homme.

Nous quittons la haine et la violence pour aller  vers la parole utile, c’est la passion de la vie, qui parlant de la religion ne la rend plus ennuyeuse.

Sainte-Croix peut-être le lieu de fabrication de cette nouvelle anthropologie ontologique.

Bachelard était un spiritualiste parce qu’un matérialiste.

Beaucoup de gens sont blessés par le discours religieux et utilisent des arguments basiques et souvent haineux contre la religion.

C’est la beauté de la matière qui nous conduit à la spiritualité, comme le font certains scientifiques 

http://www.trinhxuanthuan.com/indexfr.htm

La personne du Christ fait croiser les fils par la parole, le logos. Le christianisme est une religion totalement créatrice. Régis Debray dit que si le christianisme n’avait pas existé, il n’y aurait pas eu la civilisation de l’image de la personne.

Les applications politiques, sociales et économiques sont formidables. Toute thérapie passe par le passage de la maladie à un autre plan. Ainsi la plus grande maladie du monde, le stress c’est la maladie de la personne qui coupée d’elle-même, recroquevillée, repliée, qui appuie sur son cœur, son foi, ses organes, jusqu’à en mourir avec toutes sortes de maladies.

L’individu qui est en contact avec la personne respire et guérit ou n’est pas malade.

Hippocrate et la médecine transforment le corps en langage. La douleur est un signe et un langage. Freud interprète le délire en langage et va vers la personne. Freud est dans la dimension de la personne. 

Etre une personne, c’est être un traducteur, un passeur, un médiateur, un Christ !

C’est à ces passages qu’apparait l’homme pneumatique, un homme qui vous libère.

La solution nous est donnée en même temps qu’apparait le problème lors de la réception active faite par l’homme pneumatique, exemple du médecin dans son écoute active pour le diagnostic. 

 On peut mettre une personne nue devant un médecin, ce n’est pas gênant car ce n’est pas un individu qui regarde mais une personne.

Le rapport de personne à personne est un rapport libéré.

Qui parles en nous : c’est la personne. 

Christos Yannaras a dit que Sartre est le plus grand théologien du XXème siècle, car il est dans la personne. http://fr.wikipedia.org/wiki/Christos_Yannaras

Sartre dit que les gens s’identifie toujours à des choses, mais l’important c’est eux, leur liberté. L’homme est un être de liberté et non pas de nature.

L’homme n’est pas un être naturel, ni un paquet de cellules ni un babouin. L’homme est un être surnaturel.

L’homme est sorti de la nature, mais il n’est pas fait pour y retourner.

La soif d’infini déviée présente chez le Marquis de Sade est mise en lumière par certains moines du Mont Athos. Merci au Marquis de Sade de nous montrer cette face de l’homme. C’est la liberté de l’esprit.

Heidegger pense Saint-Augustin sur le temps, Levinas pense la genèse comme la plus haute phénoménologie, Michel Henry les évangiles http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Henry  , Bergson dit que si la science ne s’inspire pas de la religion, alors il n’ay aura pas de progrès possible. 

La véritable culture française est dans la liberté, libérée de la haine et dans la vraie laïcité.

Pour la synthèse, il faut se révolutionner, en cela initié par Olivier Clément, c’est la transfiguration.

Le christ se montre à ses disciples dans toute sa gloire, précédant la résurrection. Phénoménologiquement, http://fr.wikipedia.org/wiki/Ph%C3%A9nom%C3%A9nologie, le christ se montre à la fois homme et dans toute sa gloire. 

A la résurrection, le christ se montre à la fois comme crucifié et comme ressuscité. 

La transfiguration nous montre la bonne méthode pour affronter la réalité, c’est une méthode, car il n’y a pas d’opposition du ciel à la terre.

Dans notre pratique, nous pouvons dépasser les choses entre le ciel et la terre, l’idéalisme et le matérialisme, l’idéal c’est le meilleur de nous-mêmes et le matérialisme c’est le meilleur du non-moi.

La transfiguration cherche le dépassement du sujet et de l’objet. 

La violence humaine, c’est l’égo qui coupe la relation entre l’homme et le monde. L’égo veut dominer le monde par le monde de l’utilitaire. C’est le tyran intérieur de Platon.

Nous avons besoin de maitriser le monde avec un certain pouvoir, une certaine utilité.

Le problème numéro 1, c’est la connaissance de l’homme, sa mentalité et son rapport à son égo.

Le problème de l’écologie, c’est la tête et l’intelligence de l’homme [Patrick Pouvreau – producteur bio : ce n’est pas la planète qui est malade, c’est l’homme].

Si nous utilisons des OGM, c’est parce que nous avons peur de ne pas manger demain, mais nous avons des produits efficaces mais polluants à terme. Ceci traduit une angoisse grandissante face au futur. 

Il faut changer le mode de connaissance de l’homme. Toutes les traditions spirituelles disent que si nous voulons changer le monde il faut se changer d’abord. Il faut donc dépasser la dualité du tyran et de l’esclave qu’il y a à l’intérieur de nous.

Il ne faut pas être idéaliste, c’est une fausse idée de la connaissance. Alors le monde est l’image que je m’en fais. C’est le parallélisme psychophysiologique, je crois qu’il suffit d’être conscient pour tout résoudre. Une certaine tradition humaniste prône la prise de conscience, puis l’éducation pour traiter des problèmes. En agissant ainsi, on fortifie l’égo en créant l’image de la conscience toute puissance [l’avant-garde du prolétariat]. C’est une glorification de l’individu. 

Il ne faut pas également être dans le cheminement inverse, à savoir que la réalité ne se trouve pas dans la conscience, mais dans la matière. La réalité existe indépendamment de moi. Ainsi il suffirait d’être dans la réalité pour avoir une idée de la réalité. Le matérialisme s’exprime par les sciences humaines et le déterminisme. La réalité n’est pas dans toi, mais dans l’environnement social qui t’a déterminé. Il suffit que je comprenne ton environnement et ta culture pour comprendre qui tu es. C’est le déterminisme marxiste. Ce n’est plus moi qui parle, mais le bourgeois, la femme… . 

Cet idéalisme et ce matérialisme sont des pensées magiques, celle du tyran et de l’esclave.

La transfiguration, c’est un processus qui parts de la réalité concrète avec ce qu’elle contient d’excellent, de nourrissant, et en entrant dans ce que la réalité peut avoir d’idéal, JE découvre à quel point c’est réel.

Je dis que tout est vivant et je vais montrer que les choses ont deux plans, le spirituel et le matériel, le statique et le dynamique, le corpusculaire et l’ondulatoire.

La réalité se trouve partout, en toi, autour de toi. C’est le principe Christ qui est homme et qui est Dieu.

Nous comprenons par notre pratique quotidienne que la transfiguration veut dire : ne juge pas, vis, va dans la matière, étonne toi du monde, va dans la conscience. 

Toute la création et la guérison fonctionne là-dessus.

La création, c’est être capable de réveiller le double sens, comme la montrer Marcel Duchamp http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Duchamp   qui a pris une pissotière et en a fait une fontaine. 

Lorsque Vincent Van Gogh peint ses souliers, c’est son âme qu’il peint 

["Dans l'obscure intimité du creux de la chaussure est inscrite la fatigue des pas du labeur. Dans la rude et solide pesanteur du soulier est affermie la lente et opiniâtre foulée à travers champs, le long des sillons toujours semblables, s'étendant au loin sous la bise. Le cuir est marqué par la terre grasse et humide. Par-dessous les semelles s'étend la solitude du chemin de campagne qui se perd dans le soir. A travers ces chaussures passe l'appel silencieux de la terre, son don tacite du grain mûrissant, son secret refus d'elle-même dans l'aride jachère du champ hivernal. À travers ce produit repasse la muette inquiétude pour la sûreté du pain, la joie silencieuse de survivre à nouveau au besoin, l'angoisse de la naissance imminente, le frémissement sous la mort qui menace. " Ce texte de Martin Heidegger sur Les chaussures de Van Gogh, extrait de Chemins qui ne mènent nulle part, illustre l'intérêt du philosophe allemand pour la poésie comme moyen d'accéder à la vérité.]

Ceci n’est pas une pipe - Magritte. Un tableau n’est pas une image, mais une aventure intérieure. 

Le principal dans le tableau, vous ne le voyez pas, vous le ressentez, c’est une âme. C’est la transfiguration. Le créateur, c’est celui qui veut parler de son âme et qui vous parle de ses souliers et tout d’un cout, tout le monde comprend. Il n’a pas parlé des souliers comme individu mais comme personne. 

Principe de guérison au niveau psychique. Quelqu’un qui délire c’est quelqu’un qui a perdu le sens du double sens. La lettre tue et l’esprit vivifie : le fondamentaliste prend tout au pied de la lettre….

Une histoire : deux sourds, dont l’un à une canne à pêche, se rencontrent. Le premier : « Tu vas à la pêche ? » « Non, je vais à la pêche » « Ah bon, je croyais que tu allais à la pêche »

Le délire comme celui-ci nous empêche de délirer. Si on ne parlait plus pour ne rien dire, on ne parlerait plus. 

Ainsi, il a été évité le silence, la violence et il a été donné naissance à la création.

La personne, c’est la poésie. On parle pour le bonheur de vivre. La transfiguration c’est « passe-moi le sel » qui peut-être la plus belle déclaration d’amour. La transfiguration c’est la poésie, l’amour, le bonheur. La maladie, c’est le contraire, c’est de n’être plus capable de surréalité. 

Une expérience de pensée, c’est ce qui vous laisse songeur et méditatif. 

L’homme ne descend pas du singe, mais l’homme descend du songe. 


Bibliographie de Bertrand Vergely de son livre « Petite philosophie pour jours tristes »


ADORNO (Theodor Wiesengrund), Théorie esthétique, « coll. d'esthétique », Klincksiek, 1989. Comment reparler du beau sans illusion.

ALAIN, Mars ou la guerre jugée, coll. « Folio essais », Gallimard, 1995.Pour savoir ce qu'est la philosophie en acte. Pour apprendre à bien juger.

AIQUIÉ (Ferdinand), Le Désir d'éternité, coll.*Quadrige », PUE 1999.Quand le désir d'éternité devient une passion. Une critique aiguë de l'appétit d'évasion.

ARENDT (Hannah), Le Système totalitaire. Points. Essais », Seuil, 1995.En décrivant le système totalitaire, H. Arendt le fait comprendre.

ARISTOTE, Éthique à Nicomaque, coll. «Agora », Pocket, 2002.Une extraordinaire leçon de morale qui part du plus concret pour aller vers les sommets de l'existence. 

ARISTOTE, La Poétique, coll. « Poétique », Seuil, 1980. Que serions-nous sans Aristote ? La règle de l'art. Dans les règles de l'art.

BACHELARD (Gaston), L’Air et les Songes : essai sur l'imagination du mouvement, José Corti, 1987. Quelle chance si vous ne l'avez pas encore lu. Vous allez le lire. Et quand vous l'aurez lu, vous le relirez.

BACHELARD (Gaston), Le Matérialisme rationnel, coll. « Quadrige », PUE 1990.Matérialisme. Rationalité. Ces mots résonnent durement. Bachelard leur redonne un sens lumineux. 

BACHELARD (Gaston), La Poétique de la rêverie, coll. « Quadrige », PUF, 1997.Une inoubliable promenade philosophique au pays de la rêverie, dont on ressort... rêveur !

BAUDELAIRE (Charles), Les Fleurs du mal, Librio, 2002. Ses ailes de géant l'ont peut-être empêché de marcher. Elles font courir l'esprit du monde.

BAUDRILLARD (Jean), La Société de consommation : ses mythes, ses structures, coll. « Folio essais », Gallimard, 1996.Brillante analyse du gaspillage moderne. Le monde n'a cessé d'être un grand potlatch. Mauss l'avait compris.

BÉGUIN (Albert), LÂme romantique et le Rêve : essai sur le romantisme allemand et la poétique française, José Corti, 1992.La psychanalyse a eu une métaphysique fondée sur la nuit et le rêve. Albert Béguin le rappelle. Quand érudition se confond avec inspiration.

BERGSON (Henri), L'Évolution créatrice, coll. a Quadrige », PUF, 2001.Une reconstruction inspirée du temps et de la vie à partir de la notion de vie intérieure. Après avoir lu Bergson, impossible de dire que l'on ne comprend rien au temps. 

BERGSON (Henri), Le Rire : essai sur la signification du comique, coll. « Quadrige », PUE 2000.Tout Bergson, dans ce livre marginal.

BICHAT (Xavier), Recherches physiologiques sur la vie et la mort, coll. « GF », Flammarion, 1995.Le livre où surgit la pensée moderne de la mort. 

BOECE, Consolation de la philosophie, Guy Trédaniel, 1981.Boèce attend la mort dans sa prison. II pense le destin et la liberté. Voilà que tout se renverse. Saisissant. 

BRUCKNER (Pascal), L'Euphorie perpétuelle, Grasset, 2000.Pour être heureux, ne tombez pas dans le travers qui consiste à faire du bonheur un système. Stimulant. 

BUBER (Martin), Récits hassidiques, Seuil, 1996. Un trésor!


CAMUS (Albert), L’Étranger, Gallimard, 1996.Un jour, un homme devient étranger à tout ce que nous vivons. Pour le pire. Et pour le meilleur. Fondamental pour comprendre l'homme d'aujourd'hui.

CAMUS (Albert), L’Homme révolté, Gallimard, 1985. L'absurde a pour revers le nihilisme. Avec une grande lucidité, Camus montre comment. Livre d'un étonnant courage. D'une étonnante actualité également.

CAMUS (Albert), Le Mythe de Sisyphe : essai sur l’absurde, Gallimard, 1985.Mise en forme philosophique des thèses exposées dans L’Étranger.

CAMUS (Albert), Noces, Gallimard, 1998. L'absurde, c'est aussi la générosité. L'intensité. L'esthétique. Introduction à la vie pour rien. À la vie pour la beauté.

CAPRA, (Fritjof), Le Tao de la physique, Tchou, 1999. II n'est pas incongru de rapprocher la physique quantique de la sagesse chinoise. N'oublions pas que le grand Schrôdinger a fait la même chose avec l'hindouisme.

CASSIRER (Ernst), La Philosophie des formes symboliques, coll. « Le sens commun », Minuit, 1972. Une anthropologie de la culture. Renversante d'érudition. 

CHALIER (Catherine), Traité des larmes: fragilité de Dieu, fragilité de lame, coll. « Spiritualités », Albin Michel, 2003.Oser parler des larmes, aujourd'hui. Audacieux. Pénétrant. Quand comprendre que Dieu pleure change la face du monde.

CIORAN (Émile Michel), De l'Inconvénient d'être né, coll. « Folio essais », Gallimard, 1989.Une exploration de la notion de possible. Quand le pessimisme se teinte d'élégance.

CLAVEL (Maurice), Qui est aliéné ?, coll. « Champs », Flammarion, 1979.Autre façon de demander ce que « être libéré » veut dire. Quand on veut devenir  libre, gare à ne pas idolâtrer la libération !

COMTE-SPONVILLE (André), Petit Traité des grandes vertus, coll. « Perspectives critiques », PUE 1998. De l'art de savoir ressusciter les termes de sagesse et de vertu au XXIe siècle. Un régal.

CORBIN (Henry), L'Imagination créatrice dans le soufisme d'Ibn’Arabi, coll. « Idées et recherches », Flammarion, 1977.Un livre d'histoire des religions, qui est aussi un grand livre de philosophie.

CYRULNlK (Boris), Un merveilleux malheur, coll. « Poches Odile Jacob », Odile Jacob, 2002.De l’art de savoir surmonter ses épreuves. Cela s'appelle la « résilience ».

DANEY (Serge), Devant la recrudescence des vols de sacs à main : cinéma, télévision, information, Aléas, 1991. De fart de savoir parler du cinéma.

DESCARTES (René), Discours de la méthode, coll. « GF », Flammarion, 2000.Descartes est celui qui nous dit d'une façon incomparable. « Sers-toi de toi-même! »

DIDIER-WEIL (Alain), Les Trois Temps de la loi : le commandement sidérant, l'injonction du surmoi et l'invocation musicale, coll. « La couleur des idées », Seuil, 1995.Une méditation inspirée sur la Loi, au point de rencontre entre Moïse et Lacan.

DIEL (Paul), Le Symbolisme de la mythologie grecque, coll. « Petite bibliothèque », Payot, 2002.II y a toujours un moment de grâce, quand l'intelligence comprend que les mythes parlent de l'homme profond. 

DOSTOÏTEVSKI (Fedor Mikhaïlovitch), Les Frères Karamazov, coll. « Folio classique », Gallimard, 1994.« Dostoïevski a tout compris », selon Nietzsche. 

DOSTOÏTEVSKI (Fedor Mikhaïlovitch), L’Idiot, coll. « Folio classique », Gallimard, 1994.Lire et relire Dostoïevski. Quand un romancier pose les problèmes fondamentaux de l'humanité.

EISENBERG (Josy), ABÉCASSis (Armand), À Bible ouverte, vol. 3 - Moi, le gardien de mon frère ?, coll. « Spiritualités vivantes », Albin Michel, 1993.Une lecture extrêmement utile, qui permet d'éviter bien des erreurs.

ELIADE (Mircea), Le Mythe de l’éternel retour : archétypes et répétition, coll. « Folio essais », Gallimard, 1989.Un livre fondateur sur l'approche du temps par la religion. 

ELIADE (Mircea), La Nostalgie des origines : méthodologie et histoire des religions, coll. « Folio essais », Gallimard, 1991.Où l'on comprend que le sacré est une pensée. 

ÉPICTETE, Manuel d Épictète, coll.« GF », Flammarion, 1997.Pour bien vivre, mettre dans son sac de voyageur le Manuel d’Épictète et traverser avec lui le cours du temps. 

ÉPICURE, Lettre à Ménécée, Hatier, 1999.Un des très grands textes de l'histoire de la pensée humaine.

FERRÉ (Léo), La Mauvaise Graine: textes, poèmes et chansons 19461993, LGF, 1995.Avec le temps va tout s'en va. Sauf Léo.

FERRY (Luc), L’Homme-dieu ou le Sens de la vie, Grasset, 1996.Quand, dans un monde désenchanté, un philosophe redécouvre la pertinence de la question du sens de la vie. 

FOUCAULT (Michel), Histoire de la folie à l’âge classique, coll. « Tel », Gallimard, 1976.Le couple raison-folie analysé sous tous ses angles, de la Renaissance à nos jours. Magistral.

FOUCAULT (Michel), Naissance de la clinique, PUF, 2000.Une brillante analyse de la naissance du regard médical moderne.

FREUD (Sigmund), Malaise dans la civilisation, PUF, 1992.1929. Freud sombre dans le pessimisme quant à la civilisation. Quatre ans plus tard, Hitler prend le pouvoir. 

GIRARD (René), La Violence et le Sacré, coll. « Pluriel », Hachette, 1998.Comme le dit Michel Serres, René Girard a mis la théorie de la religion en mouvement. Un livre-clé. 

GUSDORF (Georges), Les Sciences humaines et la Pensée occidentale, vol. 11 – L’Homme romantique, coll. « Bibliothèque scientifique », Payot, 1984. Une mise à jour des fondements de la pensée romantique. Précieux.

Haïku, anthologie établie par R. Munier, Fayard, 1978. Le haïku est un petit poème japonais de trois lignes. Profond. Comme une perle de rosée sur un pétale de rose à l'aube.

HEGEL, Esthétique, vol. 2 – L’Art symbolique, coll. « Champs », Flammarion, 1979.L'un des ouvrages fondateurs de l'esthétique moderne. 

HEGEL (Georg Wilhelm Friedrich), Phénoménologie de l'esprit, Aubier, 1992.II faut l'histoire entière pour comprendre ce qu'est la philosophie. Hegel le montre avec une force incomparable.

HEIDEGGER (Martin), Les Concepts fondamentaux de la métaphysique : monde, finitude, solitude, coll. « Bibliothèque de philosophie », Gallimard, 1992. Une analyse décisive de l'ennui. Magistrale leçon de pensée. 

HEIDEGGER (Martin), Introduction à la métaphysique, coll. « Tel », Gallimard, 1987.Fascinante introduction à la philosophie. Quand la pensée retourne à l'étonnement.

HEIDEGGER (Martin), Le Principe de raison, Gallimard, 1983.Une archéologie lumineuse du principe de raison. 

HUGO (Victor), Les Contemplations, coll. « Poésie », Gallimard, 1982.Hugo n'a pas été simplement un poète. Il a été un penseur génial. Il faut méditer ce que dit la bouche d'ombre. 

JANET (Pierre), De l’angoisse à l'extase, Masson, 1988. Sait-on que Janet est l'un des inventeurs injustement méconnus de la psychanalyse ? Brillante analyse du cas d'une mystique.

JANKÉLÉVITCH (Vladimir), L’lrréversible et la Nostalgie, coll. « Champs », Flammarion, 1983. Une façon à nulle autre pareille de faire découvrir ce qui fait l'essence du temps.

JANKÉLÉVITCH (Vladimir), La Mauvaise Conscience, coll. « Présence et pensée », Aubier, 1981.Après un tel livre, on n'a plus honte d'avoir mauvaise conscience. Et l'on a quelque scrupule à ne se sentir culpabilisé par rien.

JANKÉLÉVITCH (Vladimir), La Mort, coll. « Champs », Flammarion, 1977.L'un des livres les plus essentiels pour comprendre ce terrible moment qu'est la mort.

JANKÉLÉVITCH (Vladimir), Philosophie première, PUE 1986.Quand la métaphysique est aussi élégante qu'une partita de Bach et aussi captivante qu'un... roman policier. 

JANKÉLÉVITCH (Vladimir), Les Vertus et l’Amour, coll. « Champs », Flammarion, 1986.Essayez donc d'expliquer pourquoi l'amour est une vertu morale et la vertu morale amour. Jankélévitch sait. Et le fait savoir, avec parfois une virtuosité à couper le souffle.

JASPERS (Karl), Introduction à la philosophie, 10-18, 2001.Lisez Jaspers. Vous comprendrez ce que philosopher veut dire.

JUNG (Carl Gustav), L'Homme à la découverte de son âme, Albin Michel, 1994.Freud démythifie la notion d'âme. Jung lui redonne sens et profondeur.

JÜNGER (Ernst), Orages d’acier : journal de guerre, coll. « Biblio », LGF, 1989.Pour comprendre l'imaginaire guerrier. Remarquable. Terrifiant.

KANT (Emmanuel), Critique de la raison pure, coll. « GF », Flammarion, 2001.Il y a La République de Platon, les Méditations philosophiques de Descartes et... la Critique de la raison pure d'Emmanuel Kant.

KANT (Emmanuel), Les Fondements de la métaphysique des mœurs, Delagrave, 1971.En un temps où l'on fustigeait morale et métaphysique bien plus encore qu'on ne le fait aujourd'hui, Kant parle de métaphysique en parlant de morale. Il réinvente la philosophie.

KANT (Emmanuel), Réflexions sur l'éducation, coll. « BTP », Vrin, 1993.II faut parfois lire les écrits périphériques d'un penseur, pour comprendre le centre de sa pensée. C'est le cas de ces Réflexions sur l'éducation. En plus de leur grande utilité, elles font comprendre qui était Kant.

KIERKEGAARD (Sören), Crainte et Tremblement, Rivages, 2000.Kierkegaard a découvert le continent de l'angoisse, dont on sait l'usage que Sartre en fera, pour rappeler qu'il y a là l'essence de la conscience.

LA FONTAINE (Jean de), Fables, coll. « Classiques », Pocket, 2002.Quelle fraîcheur ! Quelle sagesse ! On ne s'en lassera jamais.

LEIBNIZ (Gottfried Wilhelm), Essais de Théodicée sur la bonté de Dieu, la liberté de l'homme et l'origine du mal, coll. « GF », Flammarion, 1969.Une tentative grandiose de penser le mal à la lumière d'un Dieu mathématicien.

LEROI-GOURHAN (André), Le Geste et la Parole, Albin Michel, 1992.Ce livre nous apprend que l'humanité surgit quand elle se relève sur ses deux pieds. Un tournant dans l'anthropologie.

LEVINAS (Emmanuel), Totalité et Infini: essai sur l'extériorité, LGF, 1990.Une façon inouïe de faire de la métaphysique. À partir du visage de l'autre.

MARC AURÈLE, Pensées pour moi-même, coll. « GF », Flammarion, 1964.On peut être empereur et sage, sage et empereur. La preuve.

MERLEAU-PONTY, Le Visible et l'Invisible, coll. « Tel », Gallimard, 1979.Et si le nœud de l'être humain se trouvait à la croisée du visible et de l'invisible ?

MICHELET (Jules), Le Peuple, coll. « Champs », Flammarion, 1992.Histoire. Âme. Peuple. Ces trois termes sont liés. Michelet montre comment. D'une façon grandiose.

MOLIÈRE, Dom Juan, GF, 1985.Lire et relire Dom Juan. Pour comprendre l'âme moderne. 

MOLIÈRE, Le Malade imaginaire, Librio, 2002. Molière a été le grand psychologue du monde moderne naissant. Il a prévu tout ce qui allait advenir à l'homme d'aujourd'hui. Le souci de soi poussé jusqu'à l'hypocondrie, par exemple.

NABERT (Jean), Essai sur le mal, Cerf, 1997.Par un grand maître oublié, une méditation exigeante sur l'injustifiable. Remarquable.

NERVAL (Gérard de), Les Chimères, Mille et une nuits, 1999.Une fois qu'on l'a lu, impossible d'oublier la musique nervalienne.

NIETZSCHE (Friedrich), La Généalogie de la morale, coll. « Folio essais », Gallimard, 1987.Une réévaluation de la morale à partir de la vie. Pour retrouver la grande santé perdue de l'existence. 

PASCAL (Blaise), Œuvres complètes, édition de Louis Lafuma, coll. « L'Intégrale », Seuil, 1963.C'est Voltaire, qui ne l'aimait pas, qui lui a pourtant adressé le plus beau compliment qui soit, en disant de lui : «cet effrayant génie ». Non, c’est Chateaubriand

PASCAL (Blaise), Prière pour demander à Dieu un bon usage des maladies, Nouveau commerce, 1994.Rien de masochiste dans cette prière. Au contraire.

PIAGET (Jean), Le Jugement moral chez l'enfant, PUF, 1992.Par le maître de la psychologie de l'enfant. Une brillante genèse de l'idée de justice.

PLATON, L’Apologie de Socrate, coll. « Les classiques d'aujourd'hui », LGF, 1997.Socrate explique Socrate devant ses juges. Et dire qu'on l'a condamné à mort et exécuté pour ça! Les hommes sont fous !

PLATON, Phédon, coll. « GF », Flammarion, 1991. La vie après la mort n'est pas une illusion, mais le fondement de toute vie et de toute pensée. Démonstration. 

PLATON, Phèdre, coll. « GF », Flammarion, 1989. Un panégyrique de l'amour. Fondamental.

PLATON, La République, coll. « GF », Flammarion, 2002.Derrière le politique, il y a nécessairement le philosophique. Ou il n'y a plus de politique. Fondateur. 

PLATON, Théétète, coll. « GF », Flammarion, 1994. Chacun a deux philosophies : celle de Platon et la sienne. 

PORCHIA (Antonio), Voix, Fayard, 1979.De merveilleux aphorismes de sagesse. Inspiré. 

PROUST (Marcel), Un amour de Swann, Librio, 2001. Une descente dans les profondeurs de la jalousie. Inégalable.

RiCŒUR (Paul), Le Conflit des interprétations : essai d'herméneutique, coll. « L'ordre philosophique », Seuil, 1970.Une théorie de l'interprétation réconciliant soupçon et profondeur.


RICTUS (Jehan), Les Soliloques du pauvre, coll. « Les introuvables », l'Harmattan, 1994.Lun des textes poétiques les plus insolites qui soient. Bouleversant.

ROSTAND (Edmond), Cyrano de Bergerac : comédie héroïque en cinq actes et en vers, coll. « Classique théâtre », LGF, 1990.Pascal a pensé la grandeur. Cyrano la vécue. Avec panache!

ROUGEMONT (Denis de), L’Amour et l'Occident, coll. « Bibliothèques », 10-18, 2001.Une archéologie de l'amour en Occident. Stimulant. 

ROUSSEAU (Jean-Jacques), Discours sur l'origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Mille et une nuits, 1996.L'une des plus géniales analyses de l'origine de la violence humaine.

SADE, Les Infortunes de la vertu, 10-18, 1998. Quand la morale est vue comme un vice. Utile pour comprendre la vision contemporaine de la morale. ADE, Les Prospérités du vice, 10-18, 1998.Sade a exploré les enfers de l'âme humaine.

SAINT AUGUSTIN, Les Confessions, coll. « GF », Flammarion, 1964.Un grand tournant de la pensée occidentale.

SAINT -MARTIN (Louis Claude de), L’Homme de désir, coll. « Les grands textes spirituels », Rocher, 1994. Et si le désir était le nom caché de Dieu dans le cœur de l'homme ? Par l'un des grands maîtres méconnus de la mystique du XVIIIe siècle.

SARTRE; (Jean-Paul), L’Etre et le Néant: essai d’ontologie phénoménologique, Gallimard, 1976. Étonnante déconstruction de toute l'ontologie. Quand le néant se révèle devenir la liberté.

SARTRE (Jean-Paul), La Nausée, Gallimard, 1978. Autre façon de penser l'absurde. Dans la liberté. Le monde n'a pas de sens ? Donc je suis libre. 

SCHOPENHAUER (Arthur), Le Monde comme volonté et comme représentation, PUF, 2003.Un des ouvrages fondamentaux de l'histoire de la philosophie. Tout Freud est dans Schopenhauer.

SIGNORET (Simone), La nostalgie n'est plus ce qu'elle était, coll. « Points », Seuil, 1978.Ce merveilleux titre est en fait une phrase de René Char. Livre de mémoire. Émouvant. Captivant.

SILESIUS (Angelus), Le Pèlerin chérubinique, Cerf, Albin Michel, 1994.Un recueil de sentences par l'un des grands mystiques du XVII° siècle. Fondamental.

SOPHOCLE, Œdipe roi, LGF, 1994.Penser Œdipe, c'est nous penser nous-mêmes. 

SOUZENELLE (Annick de), L'Égypte intérieure ou les Dix Plaies de l'âme, coll. « Espaces libres », Albin Michel, 1997.Où l'on découvrira que l'on ne lira jamais assez la Bible et les Évangiles, tant il y a à découvrir.

SOUZENELLE (Annick de), Œdipe intérieur: la présence du verbe dans le mythe grec, coll. « Spiritualités vivantes », Albin Michel, 1999.Et si la Thora juive était la clé de l'Œdipe grec ? Une lecture rénovée, et rénovante, de l'un des piliers de notre culture.

SPINOZA (Baruch), Éthique, coll. « Folio essais », Gallimard, 1994.Un livre de vie. Donc, le livre d'une vie.

TCHEKHOV (Anton Pavlovitch), La Cerisaie, Pocket, 1999.Tchekhov a peint d'une façon sublime les sentiments et les nostalgies. Quand l'attachement pour une maison touche au mythe.

VALÉRY (Paul), Charmes, Presses universitaires de Caen, 1998.« Ô récompense après une pensée, qu'un long regard sur le calme des dieux ! » Ô récompense que de pouvoir lire Valéry!

WEIL (Simone), La Pesanteur et la Grâce, Pocket, 1991.II faut lire Simone Weil. On y trouve des pensées fulgurantes.

WETZEL (Marc), La Méchanceté, Quintette, 1986. Une brillante analyse de la méchanceté.





Quelques pensées de Bertrand Vergely tirées de son livre « Petite philosophie du bonheur »


- Beaucoup de gens ne sont pas philosophes, dit-on. Cela ne les empêche pas d'être heureux. Beaucoup de philosophes, à l'inverse, ont des problèmes. En quoi leur philosophie les aide-t-elle ?

- L'humanité serait certainement plus heureuse s'il y avait davantage de partage fraternel et démocratique et non des spécialistes prétendant énoncer les règles de ce que l'on doit vivre.

- La pensée n'est pas l'abstraction de la vie, mais la seconde vie de la vie.

- Non à la fausseté. Plutôt un réel sans rêves que des rêves en carton-pâte. Plutôt une âpreté vraie qu'une douceur mensongère.

- Tout s'apprend. Car la vie humaine a comme sens de passer d'une vie inconsciente à une vie consciente.

- Les vrais amis du genre humain ne sont pas des flatteurs ni des séducteurs, mais des amis exigeants.

- Le bonheur est l'oubli du malheur.

- C'est dans la paix, l'amour, la générosité et la fraternité que l'humanité devient géniale.

- Ce n'est pas aimer la vie que de ne pas désirer une vie heureuse.

- La morale est une chose. Faire la morale en est une autre.

- Il est facile de faire la morale. Il est plus difficile d'être moral.

- Faire son devoir a toujours procuré un plaisir. On appelle cela le contentement.

- Quand nous pouvons juger, nous possédons la joie de ne pas être prisonnier de celui que nous sommes.

- Il ne tient qu'à nous d'être heureux. Il suffit de le vouloir.

- Nous attendons toujours un miracle de l'extérieur. Or, le miracle est en nous, quand nous pensons, quand nous voulons.

- Insatisfaits, nous souffrons, satisfaits, nous nous ennuyons.

- Plus on a de plaisir, plus on a de désir. Tout gourmet en sait quelque chose.

- Les choses ont bien souvent de l'âme parce qu'elles ont un corps.

- La frustration a toujours été un moyen de contrainte et donc, un moyen de pouvoir.

- Un plaisir sans bonheur est un plaisir sans vie. Un bonheur dans le plaisir est une ouverture sur la vie.

- Le plaisir soulage. La joie comble.

- Étant bien, on est tellement bien que l'on n'a plus besoin d'avoir du plaisir afin d'avoir du plaisir.

- Quand on a l'âme joyeuse, cela se voit sur le visage.

- Un sourire ? C'est la poésie qui rentre dans le monde. Cela commence en desserrant les lèvres.

- La tristesse est un signe de pauvreté d'âme. On n'aime rien quand on est triste. Même pas soi-même. On trouve tout laid. On rend tout laid.

- Quand on ne voit plus que soi, on finit par ne plus voir qu'une vie allant irréductiblement vers la mort et donc vers l'échec.

- Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce n'est pas la mort qui rend la vie triste, mais l'irréalité, une vie sans vie étant pire qu'une vie mortelle.

- C'est un tempérament heureux qui rend la vie heureuse, et non tel ou tel élément harmonieux.

- La vie nous comble quand elle a un sens et qu'elle n'est pas simplement sensation.

- Il faut penser pour être heureux, car il faut avoir le bonheur exigeant et non relâché pour que celui-ci soit un véritable bonheur.

- On est souvent malheureux, faute de savoir vivre au présent. Sans cesse, on aspire à être ailleurs. Dans le passé ou dans l'avenir.

- Un plaisir réel, aussi petit soit-il, est bien préférable à un plaisir irréel, aussi grand soit-il.

- Le bonheur a quelque chose d'infini, à condition de ne pas oublier un point essentiel : la douceur.

- Vouloir être heureux revient à affirmer les valeurs les plus fondamentales de l'existence.

- Rien ne peut avoir prise sur celui qui avance inlassablement.

- Une belle femme est souvent courtisée pour sa beauté et non pour ce qu'elle est en profondeur.

- Une vie intense mais brève est à bien des égards plus enviable qu'une vie longue et ennuyeuse et, quitte à mourir, n'est-il pas préférable de mourir de rire que de mourir de tristesse ?

- Un être en pleine santé allège la société autour de lui.

- Il arrive souvent que l'on soit brouillé avec son corps, parce qu'en profondeur on est brouillé avec la vie.

- On a beau avoir besoin d'avoir pour être, on a aussi besoin d'être pour donner du sens au fait d'avoir.

- L'amour s'échange contre de l'amour et non contre de l'argent.

- Qu'est-ce que penser, sinon se demander pourquoi on fait ce que l'on fait ?

- Le sens de tout travail dans le monde matériel n'est-il pas de permettre à l'humanité de s'exprimer en tant que productrice de biens immatériels ?

- Ceux qui se font honorer se font aussi souvent dévorer.

- Il y a beaucoup de sagesse dans la méfiance à l'égard des honneurs. Un honneur que l'on reçoit n'est jamais neutre.

- On repousse avec rage ce que l'on souhaite secrètement posséder.

- Quand on s'est donné du mal pour une action et que personne ne le reconnaît, on a un légitime sentiment d'injustice.

- Celui qui ne s'incline devant rien est misérable d'orgueil, alors que celui qui accepte d'être reconnu est plus grand qu'on ne l'imagine.

- La guerre contre son propre orgueil est une grande guerre. Le silence sur ses actions intérieures, une grande parole.

- Jamais nous ne maîtrisons si peu notre vie que quand nous sommes distraits.

- L'esprit de jeu aiguise l'esprit de souplesse, d'intelligence et d'ingéniosité.

- La vie est une lutte, un effort, une tension. Le désir de « faire la fête » cherche à abolir cette lutte, cet effort, cette tension.

- Quand on est heureux, on ne pense à rien. Ou bien on n'est pas heureux et on ne le sera jamais.

- L'état heureux ne supporte pas le moindre recul ni le moindre partage avec quoi que ce soit. Pour tout donner, il exige que l'on donne tout, le bonheur résidant dans ce don.

- Si le bonheur est insouciant, tout ce qui est insouciant n'est pas forcément heureux.

- Il est providentiel que les hommes soient seuls, livrés à eux-mêmes. C'est ainsi qu'ils deviennent des adultes responsables, libres et créateurs.

- Il ne faut pas rêver. Il n'y a pas de miracle dans l'existence, pas de hasard, pas de bonne fortune et pas toujours quelqu'un décidé à rattraper à notre place les erreurs que nous avons faites.

- C'est parce que l'être humain est confronté à la mort, à la solitude et à l'angoisse, qu'il dévoile les ressources extraordinaires de son existence.

- Il faut venir au-devant de ce qui est essentiel pour que l'essentiel vienne à soi. Car la vie est un échange.

- Il y a en chacun un élan de vie qu'un rien suffit à susciter afin qu'il retrouve sa joie de vivre. Un sourire. Une main tendue. Un coin de ciel bleu derrière les nuages.

- Quand on est séduit, on s'aperçoit rarement qu'on l'est. Et pour cause. On est tellement séduit que celui ou celle qui nous séduit ne nous semble pas séduire.

- L'art de séduire est un art plein d'habileté, puisqu'il consiste à renvoyer à celui ou à celle que l'on veut séduire, l'image qu'il ou elle attend.

- Fatale pour ceux qui se laissent séduire, la séduction est avant tout fatale pour le séducteur ou la séductrice.

- Le plaisir plaît. Comme plaire donne du plaisir, tout ce qui plaît a tôt fait de nous mener à sa guise.

- Le désir de vie est quelque chose d'essentiel. Le plaisir qui va avec aussi. Sans eux, pas de vie. Pas d'être.

- Avoir du plaisir est agréable. Pouvoir avoir du plaisir avec quelqu'un, mais, en plus, pouvoir parler avec lui, devenir intelligent, découvrir son être en profondeur, c'est avoir plus que du plaisir.

- Le monde est malade à cause des passions qui envahissent la politique, la vie économique, les relations humaines.

- C'est en donnant plus que ce qu'il faut donner que l'on donne. Sagesse de cet excès.

- L'amour est plein d'illusions. Mais il n'est pas une illusion.

- Il est humain en effet d'être attiré par, et de vouloir attirer à soi ce qui nous attire.

- L'amour est fait de paroles, de dialogues infinis, d'échanges de pensées. Car l'amour veut aller au fondamental et y aller à deux.

- Quoi que l'on vive, il y a en cela, parce qu'on le vit, une victoire de l'être sur le néant et de la vie sur la mort.

- Le don appelle le don de notre part. Celui qui donne tout veut que l'on donne tout.

- On n'est pas un couple quand on est trop loin de l'autre. À force de ne pas se rencontrer, on finit par rompre tout lien.

- L'amour a deux faces : celle du plaisir qui attire à soi et celle du don qui va au-delà de soi. Si le fait de donner est souvent ramené à celui de prendre, le fait de prendre est parfois transcendé par le fait de donner.

- L'amitié est ce qui fait couler la vie. Elle rend celle-ci tellement douce qu'on en vient à pratiquer, grâce à elle, un divin oubli.

- Un individu qui n'a pas conscience de son origine est un individu errant, ne sachant plus qui il est, faute de savoir d'où il vient.

- La douceur de vivre aide à devenir doux ainsi qu'à hériter de la terre.

- La vie est douce quand elle est gonflée de vie, comme un fruit est gonflé de sève.

- La vie intérieure. La vie de l'esprit. Vie riche, transformant tout en occasion d'apprendre. Cela s'appelle penser.

- Les détails sont les sourires de la vie.

- Quand on est prêt pour une grande décision, on n'hésite pas. On s'engage à l'instant.

- La bêtise est apathie et l'apathie est bête.

- Mieux vaut un passionné qui réagit, qu'un calme qui ne réagit à rien.

- Les esprits superficiels ne pensent qu'à eux. Leur principe est qu'une bêtise qui plaît vaut mieux qu'une vérité qui dérange.

- La vie est une vie pour rien quand aucun regard divin ne se pose sur elle afin de l'élever à une dimension fondamentale.

- Le fond des choses est plus que vivant. Quand on le sait, on est plus qu'heureux.

- Philosopher sur le bonheur n'a jamais consisté à vivre n'importe quel bonheur, n'importe quand, avec n'importe qui, à n'importe quel prix.

- On dit que, par réaction, le sentiment de peine provoque la conscience du plaisir.


Décembre 2010

Alain Le Falher 


Interview donné à la revue « Nouvelles Clés » sur « La politique commence à l’intérieur de nous »


Source de l'article : 

http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=1297 


La politique commence à l’intérieur de nous ! 


Bertrand Vergely nous incite à sortir de l’illusion de la "prise du pouvoir" et à trouver au fond de nous-mêmes les racines du monde où nous vivons.


À l’origine du "mal français" et des difficultés explosives que ce pays connaît régulièrement, il y aurait comme une impossibilité à débattre et à s’organiser sereinement (tant mieux si l’avenir, en gestation, nous donne tort). Bertrand Vergely, un philosophe qui échappe au "bien penser" de l’establishment, nous incite à sortir de l’illusion de la "prise du pouvoir" et à trouver au fond de nous-mêmes les racines du monde où nous vivons. Ses ouvrages les plus récents : "Le silence de Dieu face au mal et à la souffrance" (éd. Presses de la Renaissance) et "Petite philosophe pour les jours tristes" (éd. Milan).



Nouvelles Clés : Il y a en France, sans doute plus qu’ailleurs en Occident, une impossibilité à aborder certaines questions sans aussitôt provoquer une tempête passionnelle qui interdit tout vrai débat. Par exemple la question de l’école - publique ou privée. Ou celle du travail et de la répartition de ses fruits. Ou celle du rapport entre science et spiritualité. D’ailleurs, dans certains milieux, le simple fait de prononcer le mot « spiritualité » suscite des réactions si violentes qu’on a l’impression qu’il y a autre chose derrière. Des fantômes. Une vieille histoire pas réglée.


Bertrand Vergely : Le Français, comme le Gaulois, a une hantise : qu’on cherche à lui imposer quelque chose. Sa réaction est simple : il refuse. Il ne supporte pas la moindre idée de contrainte. Son problème est d’abord religieux. Ensuite politique. L’Église a voulu lui imposer un tas de choses. Il l’a rejetée. Le Français est athée par anticléricalisme. Son problème, c’est qu’on ne bâtit rien sur des haines, des rancœurs, des peurs, des révoltes. Pour devenir bâtisseur, le Français fait appel à une « religion sociale populaire », dont la faiblesse est de tomber dans un certain pathos et qui, aujourd’hui, explose littéralement : nous savons ce que nous ne voulons pas, pas ce que nous voulons. Et surtout, nous avons collectivement occulté le fait que tout part de l’intérieur de l’être. C’est le vrai problème : on ne pose pas, chez nous, la question de l’homme en profondeur, on nie son mystère. Tant qu’on éludera cela, on ne pourra pas s’en sortir. C’est la base : 1°) Qu’est-ce qu’un homme ? 2°) Comment « pratiquer l’homme » ? L’homme est un être qui vient de loin et qui va loin. En ce sens, il est relié à un mystère. Nous ne sommes pas des accidents dans la nature. Je rêve d’une école en France, qui permette de réfléchir à ça, ce qui reprendrait les plus grands enseignements de l’humanité.


N.C. : Mais aujourd’hui, le simple fait de dire que « l’homme vient de loin et va loin » et qu’il « n’est pas un accident dans la nature » - ce qui sous-entend qu’il y pourrait y avoir en nous une forme de projet -, va immédiatement vous faire taxer de créationniste !


B.V. : Mais enfin, l’homme n’est pas apparu soudainement, fini et complet, parce que Dieu l’aurait créé tel ! L’homme est un être qui vient de très loin, il est l’héritier de tout ce qui vient avant lui. Mais il synthétise trop de choses pour être un accident. Quelque part, l’univers attendait l’homme...


N.C. : Attention, c’est quasiment ce que défendent les partisans de ce que les Américains appellent « intelligent design » (l’univers aurait une intelligence et un dessein), qui ont le malencontreux privilège d’avoir pour partisans Georges Bush et sa bande


B.V. : Oui, mais alors nous sommes foutus, on ne peut plus parler ! Revenons plutôt à nos deux points. Premièrement, l’important, c’est de discuter de l’esprit de l’homme, qui remonte très loin à l’intérieur de la signification ontologique (de l’être). Bergson dit : « L’homme a cessé d’être un animal », tout en ayant récapitulé, par sa « tunique de peau », toutes les étapes de l’évolution. La Bible raconte cela symboliquement, en montrant que la création commence par l’univers, puis passe à l’homme, pour amener l’univers vers la conscience. L’école devrait être capable d’enseigner cette récapitulation, qui nous responsabilise - alors que dire : « Nous sommes un simple accident venant du néant et y retournant » nous lave trop facilement de nos responsabilités.


Deuxièmement, comment « pratiquer l’homme » ? Comment prendre conscience, nous éveiller, être vigilant à ce que nous faisons ? À l’école ? Là où j’enseigne, on discute d’intendance et de comportement, mais pas des questions de fond : d’où viens-tu ? Qui es-tu ? Où vas-tu ? Si je veux parler de la signification de l’homme, on me répond que l’école n’est pas un lieu pour cela, que je suis un spiritualiste et que mes questions sont hors sujet. Je trouve très grave que les politiques, de gauche comme de droite, aient déserté ces questions. La droite dit : soyons pragmatiques, étudions la physique, l’anglais et le marketing. La gauche dit : soyons au service de l’individu, aidons les jeunes défavorisés à se sentir bien dans leur peau. Mais prodiguer aux jeunes êtres humains une éducation et une sagesse dignes de ces noms, il n’en est plus question. Pourquoi ? Parce qu’on n’y croit pas, qu’on s’en fout, complètement désabusé.


N.C. : Certains intellectuels français font valoir qu’après les moments les plus sombres du XX° siècle, l’utopie a fait son temps et que le rôle des êtres conscients consiste désormais, très modestement, à résister au mal, mais surtout pas à énoncer le bien, car l’enfer est pavé de bonnes intentions et la pensée positive mène au totalitarisme.


B.V. : Cela me semble suicidaire. Comment peut-on dire non sans savoir à quoi l’on dit oui ? Se définir d’abord par rapport au mal, c’est donner tout pouvoir à ce dernier. Je pense que la plus belle des attitudes humaines est de savoir dire oui à la vie. Dire oui, c’est s’ouvrir au mouvement permanent. Cela ne signifie pas qu’il ne faille pas aussi avoir le courage de poser des refus : il faut dire non à toute tentative d’arrêt du mouvement ! Il est indispensable de prendre conscience que l’être humain n’arrêtera jamais son évolution, car l’humain est potentiellement tout ! Or beaucoup de nos compatriotes ne veulent pas le voir et se complaisent dans la souffrance, la plainte, la laideur, la haine, la médiocrité. La France a une responsabilité énorme dans l’invention d’une certaine forme de pessimisme, d’une certaine forme d’athéisme excluant toute intériorité...


Si toute votre philosophie fait de vous un sceptique, uniquement attentif au mal, arc-bouté contre la négativité, la pire chose qui puisse vous arriver, c’est que le monde guérisse, parce qu’alors vous vous écroulerez. Le sceptique sème l’ignorance, car l’homme ne se définit pas par rapport au mal, mais par ses ressources intérieures. C’est ce qui m’intéresse dans la question du vécu spirituel aujourd’hui : ce n’est pas le pouvoir politique de Rome ou celui de l’islam, c’est la pratique de la vie intérieure par un certain nombre de gens, qui vous disent : « En rentrant à l’intérieur de moi-même, j’ai fait des découvertes tout à fait extraordinaires ! Et pour la première fois, je comprends ce que je fais et qui je suis. » Je rêve d’un enseignement qui apprenne ça aux hommes !


Je m’aperçois qu’aujourd’hui, dans des groupes d’entreprises, on paye très cher des consultants pour qu’ils transmettent les rudiments de ce savoir. Parce que les gens ne savent plus toucher de leurs doigts, ni avoir conscience de leurs corps, ni être capables de parler à quelqu’un, ni vivre dans un espace non paranoïaque. De ce point de vue, l’entreprise est en avance sur l’école qui serait bien placée, pourtant, pour enseigner une véritable philosophie. La base de l’enseignement n’est-elle pas d’éveiller la conscience ? Il y a un vrai problème : on se dit humaniste, mais on ne pratique pas l’homme. Humaniste, actuellement, ça veut dire : « Contre l’autorité de l’Église et des pouvoirs extérieurs, je réclame d’être un individu capable de libre choix dans la consommation. » C’est le modèle américain. Qu’est-ce que c’est qu’être homme ? Réponse : pouvoir choisir. Choisir quoi ? Des marques de mayonnaise ou de fromage ?


N.C. : Tout de même, l’idée de liberté du choix est belle et s’étend à tous les verbes, pas seulement à consommer !


B.V. : Mais avez-vous déjà pratiqué le choix ? Voilà la question. Dans sa phénoménologie, Husserl dit : la philosophie est malade, parce que l’expérience de conscience et de vécu n’existe plus. Il n’y a plus de rapport à la présence à soi. Les gens ne sont pas là ! Ils ne comprennent pas ce qu’ils font ! Ce sont des machines, des rouages. Un minimum de présence à soi est indispensable. Sinon, rien ne vaut la peine... Nous voulons changer le monde, tout en nous avérant incapables de vivre par nous-mêmes. Nos contemporains sont dans un état psychique épouvantable, y compris beaucoup de savants qui ne comprennent pas ce qu’est la raison, ni ce qu’est la parole. Les grands maîtres de l’Occident, de Socrate à Descartes, nous l’ont pourtant dit : la science ne se trouve ni dans les mathématiques, ni dans la grammaire, ni dans la médecine, ni dans le droit, mais dans la présence à soi. Cela s’appelle l’esprit et c’est la base élémentaire que l’on se tue à répéter depuis des millénaires. Mais on vous répond : « On verra ça plus tard, ce n’est pas urgent, pour l’instant il faut manger et lutter contre le pouvoir. » On voit les dégâts de cet aveuglement ! Là, il y a une tâche d’éducation urgentissime à mener. Or, cela n’a été fait ni sous la monarchie, ni sous la république... Car cette lacune s’enracine malheureusement très en amont dans notre histoire. L’étroitesse d’esprit de nos « humanistes » s’explique par l’incroyable terreur exercée par l’Église, pendant des siècles, quand l’évangile était enseigné à coups de trique et de bûcher, dans une absence totale de foi dans l’homme ! Des siècles plus tard, les préoccupations des gens vont toujours se nicher dans des catastrophes. C’est l’obsession de la violence, de la peur, des problèmes sécuritaires...


N.C. : À quoi attribuer cette terreur ecclésiale ?


B.V. : La grande paranoïa du monde occidental est de « tomber dans la barbarie ». Quand les barbares s’emparent de Rome, Saint Augustin, découvreur de l’homme intérieur, est pris de panique. Il met brutalement fin à toute l’expérience intérieure des Confessions et décrète qu’il faut « sauver la civilisation ». Comment ? En organisant l’Église sur le modèle d’une armée, avec un général à sa tête. En décrétant que tous les enfants non baptisés seront damnés. En faisant partout l’apologie de la force pour défendre la foi. Cette panique primordiale explique que régulièrement, l’Occident tombe dans la barbarie en prétendant s’en protéger. Par exemple en créant l’Inquisition. L’humanisme de la Renaissance lui porte un coup et on assiste à début de laïcisation du pouvoir, qui permet la monarchie absolue... Mais celle-ci bascule à son tour dans le délire. À la fin, pour en sortir, on coupe la tête au roi et on tente de créer une nouvelle civilisation fondée sur les Lumières... mais on tombe dans la terreur, puis dans l’autocratie napoléonienne. Autrement dit, il y a une constante : l’incapacité d’organiser la vie politique et la vie spirituelle. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a aucune éducation de l’homme intérieur et que les problèmes ne sont vus, systématiquement, que comme extérieurs, avec une solution unique : la conquête du pouvoir.


Dans son Discours sur l’origine des inégalités, la clé de Rousseau, l’homme du Contrat social, consiste à dire : l’homme moderne vit à l’extérieur de lui-même, contrairement au bon sauvage, qui vit à l’intérieur de lui-même, et il nous faut, dans la vie politique, mettre toute notre expérience en œuvre, pour retourner vers cet homme intérieur. Croire qu’il faut absolument « prendre le pouvoir » pour agir est une croyance de l’homme extérieur, qui ne débat pas réellement parce qu’il ne se connaît pas lui-même. La cité politique ne commence pas par la conquête du pouvoir, elle part de l’intérieur de nous et l’éducation vise d’abord à bâtir cet homme intérieur, et non à créer des compétences ajustées à l’économie. Quand les instructeurs spirituels parlent de la « présence à soi », c’est à cela qu’ils pensent.


Quand des hommes non préparés, non spiritualisés, entrent en politique, ils s’en servent forcément pour leurs passions et veulent « prendre le pouvoir ». Donc le vrai problème de la vie politique, c’est celui du langage et de la préparation au discours. Le philosophe Alain dit : la démocratie, c’est là où il y a des hommes capables de parler. Si chacun de nous est capable d’entrer à l’intérieur de lui-même, donc de parler, nous pouvons nous entendre. C’est ce que dit Rousseau. Ce que dit Descartes. C’est le vrai projet de la révolution française.


N.C. : Et pourtant, que de non-dits recouvrent cette révolution ! Au moment de la préparation du bicentenaire, en 1987, nous avions demandé au comité ad hoc comment ils comptaient commémorer le rituel du culte de l’Être Suprême, cette invention incroyable de Robespierre. On nous a répondu : « Ces questions-là ne seront évoquées qu’en petits cénacles. »


B.V. : Robespierre établit le culte de l’Etre suprême, parce qu’il se rend compte que la vie politique ne peut se passer de référence métaphysique. Aujourd’hui, notre référence est l’Homme. Au XVIII°, c’était l’Être. L’un comme l’autre sont de purs concepts métaphysiques. Ce que nous appelons « l’Homme » est une religion. C’est celle d’Auguste Comte : la religion sociale. On n’ose pas le dire et on s’imagine que c’est rationnel, mais non : la foi en l’Homme est totalement irrationnelle. Elle repose sur l’idée que l’humain est sacré, inviolable : très bien, mais on ne sait pas ce qu’on met dedans. Robespierre, donc, fonde ce nouveau culte, et se retrouve en concurrence avec l’Église - dont il fait massacrer le plus possible de représentants -, mais également en compétition avec son aile gauche, violemment athée, qui lui reproche de parler de deux choses : de l’Être et des devoirs. Si bien qu’il est contraint de supprimer ces notions de la Déclaration fondatrice de la république. Au début, il était question, comme dans la constitution suisse, d’une « déclaration des droits et des devoirs de l’homme ». Il ne va plus rester que les droits, ce qui donne une morale bancale, qui nous fragilise encore aujourd’hui et montre bien ce que Marx a analysé plus tard avec intelligence : la révolution française a déchaîné les forces du pouvoir et dans cette logique (selon laquelle la seule solution à tous les problèmes est de « prendre le pouvoir »), les révolutionnaires sont allés jusqu’au bout : ils se sont éliminés les uns les autres et ont finalement débouché sur l’empire - car la logique du pouvoir est intrinsèquement impérialiste. Les bolcheviques diront la même chose - « on prend le pouvoir et on change l’humanité » - et déboucheront à leur tour sur un impérialisme.


N.C. : L’illusion de pouvoir changer l’homme en prenant le pouvoir ne vient-elle pas du fait que chaque nouveau système prétend s’ériger ex-nihilo - proclamant : « Du passé faisons table rase » -, alors que la réalité a toujours évolué en intégrant le passé, pas en le niant ?


B.V. : Hegel l’analyse bien : le fait que les révolutionnaires français se soient définis comme l’an 1 de l’histoire de l’humanité mène droit à la terreur. Au maoïsme, qui tente d’éradiquer des millénaires de culture. À Pol Pot, qui dit : « La société ayant été infestée par la bourgeoisie et le capitalisme, il faut tuer tout le monde et créer une société nouvelle. » Les épurations totalitaires se fondent toutes sur cette idéologie très française : la haine du passé et la volonté de repartir à neuf. C’est le fantasme de l’extériorité. Or, s’il est possible de repartir à neuf, c’est uniquement de l’intérieur. Nul besoin de massacre. Chacun de nous peut y travailler tous les jours, sur soi, tranquillement.


Patrice van Eersel  et Bertrand Vergely




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