LE TRAVAIL

 




L’homme travaille parce qu’il y est obligé. Par travail, j’entends toute activité contrainte. 

Qu’est-ce qui contraint l’homme. Ce qui s’oppose à sa joie, son bonheur. Qu’est-ce qui fait sa joie. Ce qu’il accomplit dans l’action. Qu’est-ce que l’action. L’action, c’est l’activité de l’homme qui est conduite sous la raison pour aboutir à son plaisir. L’opposé de l’action, c’est-à-dire une action de l’homme conduite hors de la raison, est la passion. La passion amène à la tristesse comme le travail compris comme contrainte. 

Les primates agissent pour subsister sous la règle du mâle dominant. La conquête de nouveaux espaces vitaux s’accomplit par des morts violentes chez les belligérants. L’évolution porte le volume crânien du primate à contenir un cerveau capable de désir. Ce désir s’historise et se futurise.  Ce désir se porte sur les choses pour être. Une chose est un attribut d’être. Tout désir et un désir d’être. Ainsi le monde des choses se transforme en monde des désirs. Le monde devient le champ des rivalités des primates pour accaparer les choses de ce monde pour être dans le monde. Ces rivalités conduisent à la quasi-disparition des premiers hominidés qui inconsciemment créent les rituels de sacrifices exutoires de la violence engendrée par le désir des choses pour être. C’est la violence et le sacré et la mise en place des premières institutions, des rites, des tabous et du religieux. Tous les sacrifices étaient humains. L’Europe pratique jusqu’au néolithique des sacrifices humains similaires, par leurs nombres de victimes, à ceux des Aztèques. Tous les actes humains sont en relation avec le sacré. La subsistance est assurée par la chasse et la cueillette qui sont réglées par les rites et les tabous. Parmi les hommes, certains considèrent que leur place dans le monde des choses et des êtres doit se régler selon des règles dictées par un seul Dieu de justice et de vérité. Ces règles sont introduites par des contes et légendes, parmi lesquelles, celle de la ligature d’Isaac,( עקדת יצחק, 'akedat itshak) qui est emblématique du parcours de l’homme vers plus de justice. Abraham se voit demander le sacrifice de son fils Isaac et Dieu remplace son fils par un bélier.

L’animal passe de l’état sauvage à celui de domestique pour le besoin des sacrifices et la cueillette cède la place à l’agriculture pour assurer la nourriture aux animaux destinés, en nombre, aux sacrifices. L’activité humaine reste toujours attachée au sacré mais se diversifie devant la complexification des communautés. Ces premières sociétés génèrent des surplus qui engendrent une organisation de la distribution de ces surplus, ce qui conduit à une encore plus grande diversité des activités humaines. 

Les premières civilisations de l’antiquité, ou appelées comme telles, fonctionnent sous le mode de l’appartenance à une communauté dont les maîtres sont les religieux. Le chef de la communauté, s’appelle-t-il un pharaon est d’abord le chef religieux. Le « travail » est toujours placé sous le signe du religieux avec une distinction qui s’opère dans les sociétés archaïques par celui qui appartient à la communauté de plein droit par sa naissance, sa langue et son intégration et celui qui n’y appartient pas, l’esclave. C’est l’esclave qui le premier a « travaillé ». La première réflexion sur le travail a été opérée par les Hébreux à l’instar de celle qu’ils avaient opérés lors du passage du sacrifice humain au sacrifice animal. Le travail est une punition à la suite d’une rupture de contrat avec Dieu : tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Derrière les récits de la Genèse, viennent ceux des lois qui obligent à considérer l’esclave comme un être humain, certes non juif, mais avec une protection qui apparaît la première fois dans l’histoire de l’humanité (Deut 15 :15). Les Juifs sont alors conduits à organiser leurs communautés selon la règle divine qui doit les mener à la satisfaction de leur Dieu, et donc de la leur. 

Comme le sentiment de joie et de bonheur prévaut sur celui de tristesse, les Juifs marquent alors leurs goûts pour une activité humaine qui va les éloigner de la contrainte physiques et intellectuelle. Ils privilégieront les activités de l’esprit, du commerce et de l’artisanat. 

Qu’en est-il des autres civilisations humaines de l’antiquité qui toutes ont disparues, sauf celle des Juifs.

Les empires ont tous fonctionnés avec des citoyens qui n’étaient pas sous contrainte et des esclaves qui l’étaient. 

Toutefois, la pénurie de certains métiers ou fonctions ont conduits tous les pouvoirs de l’antiquité à libéraliser certaines activités tenues par des esclaves. Les cités Grecques affranchissent les esclaves de hautes fonctions (banquiers, professeurs, traducteurs) pour finir par l’Empire Romain qui affranchit tous les résidents de ses territoires devant la raréfaction de la main d’œuvre.

Là commence le « travail » dans la civilisation occidentale.

Avant cela, le fait le plus important dans l’histoire des civilisations, fut Jésus Christ qui, le premier, a déclaré l’égalité totale des hommes quelque soit leur race, origine, rang et genre (Saint-Jean 8 :3). 

La fin de l’antiquité, c’est la rencontre des contraintes économiques qui suppriment l’esclavage et la parole de Jésus-Christ qui libère l’homme de son statut archaique et désacralise l’univers.

Les esclaves ont disparus et le travail est apparu. 

A la contrainte des événements de la terre, du climat, viennent s’ajouter celle des hommes par la soumission, les impôts, la levée, les guerres.

Nous avons du « travail » assujettissant, l’image de celui du 19ème siècle.  Il a été terrible, pour des milliers de travailleurs. Il a été le parallèle des progrès de ce même siècle et nous devons le mettre en perspective avec la condition des hommes des sociétés occidentales des siècles précédents. A ces conditions effroyables ont succédés des progrès inouïs. Il ne me semble pas que les conditions réservées à l’homme occidental dans son activité économique se soient dégradées au point qu’il conduise à une régression. Combien d’articles, d’émission de grande écoute se font les témoins de victimes de conditions injustes, d’harcèlements qui auparavant n’auraient retenu l’attention de personne.

L’homme progresse avec certes des pauses regrettables, mais la progression est patente. Il y faut de l’amour dans la vérité !


Alain Le Falher


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