UN PEU CONTRE SPINOZA



Contribution à un club de supporters de Spinoza, qui se répand sur Facebook

 En effet ! 

Je suis un jeune septuagénaire, autodidacte, à l’écart de mon métier de commerçant de choses industrielles, qui à l’aube de sa retraite à lu Spinoza, tant les magazines, pas tous, vantaient l’accession à la joie et au bonheur par l’entremise de Spinoza et surtout par la lecture de son Éthique. J’ai donc lu la traduction de Robert Misrahi. Pourquoi tant de bruit pour cet ouvrage, qui replacé dans son époque apportait quelques nouveautés, il faut bien le dire, avec une succession de commentaires rabbino-talmudiques, souvent empreints de bon sens. Que Dieu, la substance, fut cause de Lui-Même et dont l’essence enveloppe l’existence, autrement dit, ce dont Sa nature ne peut être conçue sinon comme existante, cela me semblait aller de soi, et de Lui, comme pour Albert Einstein, et Maimonide. 

Mon métier, dont le hasard avait disposé, m’avait mis en face de diverses situations et de nombreux congénères, sous de multiples latitudes et longitudes et donc de climats fort variés. Une chose s’affirmait pendant toutes ces décennies : le discours tenu s’éloigne de la conduite de celui qui le tient en rapport avec la longueur de ce disours, et les caractères sont distribués selon les lois statistiques ainsi que celles de l’évolution.

Néanmoins, avec tout ce temps libéré et largement financé par une partie faiblissante des actifs, et aussi des déficits budgétaires, je suivais quelques groupes dans des cafés-philos, j’écoutais des émissions sur France-Culture, je regardais des conférences sur YouTube. Rien de nouveau sous le soleil : chacun tenait sa philosophie comme première et, au mieux, s’y référait, ou au pire, s’y accrochait, comme un théologien pris dans le flot des sciences ou dans la simple lecture des béatitudes. 

De plus, ceux qui entraient dans l’ordre de leur philosophe, montraient les signes universels de l’allégeance par la constitution de groupes, d’un groupe, LE groupe, avec petit-à-petit les marques d’une liturgie qui ne demandait qu’à s’étendre avec l’immanquable référence aux textes sacrés. Ainsi, les plus ouverts des philosophes se voyaient renfermés, à jamais, dans le monde clos des croyances figées. 

A cela, s’ajoutait, d’où mon propos précédant, des signes étranges, comme le nombre de notes de Robert Misrahi pour chacune des parties de l’Éthique, de la recherche effrénée de la structure logique de l’Éthique pour Bernard Pautrat, de la prééminence du sacrifice en ethnologie expliquant la passion du Christ pour René Girard, de la vie donnant la vie pour Michel Henry, de l’angoisse de la séparation chez Blaise Pascal, du refus du corps pour Simone Weil…

Chacun y va de ses obsessions, résultats de leurs tourments, de leurs souffrances. Mais tous, j’ai bien tous, nous apportent une lumière qui nous fait défaut, et ainsi nous progressons avec l’accompagnement d’esprits bien supérieur aux nôtres, surtout au mien. 

De Spinoza, j’ai retenu : « Aussi je ne crois pas que personne ait jamais atteint ce degré éminent de perfection, hormis Jésus-Christ, à qui furent révélés immédiatement, sans paroles et sans visions, ces décrets de Dieu qui mènent l’homme au salut ».


Alain Le Falher


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