UNE FIN SANS MOYEN

 






Une fin sans justifier nos moyens

Le monde que nous avons connu, dans le très court instant historique comparé au temps géologique (Il y a 25 000 ans, il y avait 3 km d’épaisseur de glacier sur le nord de l’Angleterre et de l’Allemagne) va disparaitre. 
Il va disparaitre parce que nous avons épuisé les ressources combustibles fossiles gratuites (seul le coût d’extraction est pris en compte) et que ces mêmes ressources fossiles gratuites, nous ont apportés notre extraordinaire niveau de vie comparé à celui d’il y a deux cents ans. 
Il y a une corrélation directe entre élévation du niveau de vie et consommation des énergies, autrement dit, entre produit intérieur brut (le PIB qui est la somme des valeurs ajoutées produites) et la somme des énergies consommées par toutes les machines (machines pour produire tout ce que nous consommons comme biens, et machines transformatrices pour générer de l’électricité ou de la chaleur). 
La première crise du pétrole était celle de la baisse de l’extraction aux USA au début des années 70, où le prix du baril était de 1,2 $. Cette baisse était seulement due à la raréfaction de cette matière première. Cette raréfaction a engendré une limitation physique de la production générale qui a elle-même engendrée la fin des trente glorieuses. 
Une seconde crise a eu lieu en 1983 puis une autre en 2009 où le prix du baril est monté à 120 $, soit 100 fois le prix de celui établi 40 ans auparavant. 
Ce qui a été appelé crise des « subprimes » américaines, n’est en fait que la conséquence des tensions d’approvisionnement des produits pétroliers. Les gaz de schistes et les sables bitumineux nord-américains ont comblé le manque d’approvisionnement standard. 
La fin des trente glorieuses a été géré de deux manières distinctes : soit la création d’une sous classe prolétarienne pauvre subsistant avec des contrats précaires (USA, Royaume-Uni, Allemagne …) ou la création d’un chômage de masse (France, Espagne, Italie…) financé par la dette et les déficits. 
La crise du COVID a précipité l’économie mondiale dans un inconnu absolu. La majorité des pays de l’OCDE ont opté pour des déficits massifs orchestrés par leurs banques centrales qui rachètent, à tout va, les dettes privées comme les obligations d’état. Ces créations de pseudo richesses ne sont assises sur aucune réalité. Cette situation économique inédite se conjugue avec une crise des démocraties qui sont incapables de faire face à des populations vieillissantes à qui les dirigeants n’osent pas dire que l’impact du COVID sur les taux de mortalité est insignifiant en termes de démographie, mais signifiant en terme électoral. Les dirigeants politiques ne peuvent pas dire à leurs électeurs : Il faut qu’il en meure encore, car c’est la loi naturelle (Seule la Suède l’a fait, son taux de mortalité a été plus élevé que ceux de ses voisins sur les trois mois du pic de l’épidémie, mais maintenant il est inférieur, sans mort du COVID depuis lors, et sur un bilan de 12 mois glissant, l’impact sera négligeable).
Ceci n’est rien à côté du changement climatique.
La quantité de CO² produite par les activités humaines nous conduit à une élévation des températures moyennes de 2°C à l’échéance 2050. Cette température moyenne pourrait être ramenée à 1,5°C si toute activité humaine était arrêtée, ce qui est impossible. La majorité des climatologues considèrent que cette augmentation de 2°C est la limite absolue à ne pas dépasser, sous peine d’être confrontés à des situations climatiques ingérables (montée des eaux, incendies, tornades, sécheresses, pénuries alimentaires, détresses sanitaires…).
Pour garantir cette limite de 2°C, il convient de réduire de 4% par an, sur l’ensemble de la planète terre, les émissions de CO², soit les consommations des énergies (80% des énergies primaires consommées en France sont carbonées, le nucléaire ne produisant que de l’électricité) également de 4%. Comme la production de richesses, donc de notre niveau de vie est entièrement corrélé à la consommation d’énergie, il faut donc réduire de 4% par an notre niveau de vie.
Alors, il faut penser, dès maintenant, à comment le monde de demain sera fait. Si les égoïsmes l’emportent, ce que je crois, alors qu’une fois ce dramatique système de Ponzi se sera écroulé, les démocraties n’y survireront pas, et les dictatures s’établiront au gré d’électeurs qui croiront que leurs privilèges seront sauvegardés.
Funeste erreur.  

Alain Le Falher

Octobre 2020


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