TRENET


 

Longtemps, longtemps, 

Ce soir-là, d’été sans doute pour s’allier à la longueur des jours afin de regagner nos maisons, nous regardions le nouveau maitre de nos conversations, la télévision. Ma mère avait décidé son père de prendre dans ses économies, gagnées par sa pension de guerre, pour l’achat d’un compagnon pendant sa longue convalescence de poitrinaire, mot paravent pour cacher la mort. 

Sur ce petit panneau brillant et scintillant devait s’ouvrir la vie, il ne nous amenait que des ombres noires et blanches, où un guide à la voix empruntée et nasillarde nous expliquait un monde qui n’était ni le sien ni le nôtre. Puis, au milieu des grands, s’élevèrent des commentaires aux demi-mots convenus par eux, comme ceux utilisés aux fins des longs repas de familles avant de nous faire sortir, nous les enfants. Dans un décor de fête des écoles un homme apparut, aux yeux sautillants, au doigt montrant les étoiles, une musique de fête l’entourait. Il chantait. C’était Trenet. 


Alain Le Falher

Octobre 2020


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