NOS AMES SONT IMMORTELLES

 



Il importe à toute la vie de savoir si l'âme est mortelle ou immortelle
Blaise Pascal - Les Pensées - Fragment 196 SEL


Des lieux se chargent des âmes de ceux qui les ont habités, visités, glorifiés. Alors ces lieux génèrent une paix particulière, singulière, aux personnes de passage, qui quelquefois y viennent sans dessins, et qui alors se font surprendre par la paix irréelle, inédite, caressante et bruissante de ces endroits. Ainsi, lors d’une visite impromptue, accompagnant quelques amis, nous visitâmes les chapelles de Rocamadour, sans entrain et sans attention. Toutefois, aussitôt entré dans l’une d’elle, je ressentais un tel vertige de paix intérieure que je sortis prestement pour m’assurer que ce trouble n’était pas à mettre au compte d’une faim subite ou d’une soif à étancher. Sitôt sur le parvis, je retombais dans mes sensations ordinaires : ni paix particulière, ni appétit ou soif notables. Je retourne dans la chapelle. La même sensation revient, forte et douce. Je veux rester. La statue de la Vierge Noire brille de ses reflets sombres et luisants. Je pense que des milliers de pèlerins sont venus glorifier la mère du Sauveur. Ils étaient alors emplis d’intentions bonnes et de souhaits de guérisons et de bonheur. Ces prières sont restées dans les murs et les voutes de la chapelle, et maintenant j’étais bercé par le flot des vibrations des cœurs des pèlerins.

J'étais, en couple, en visite dans cette grande ville de New York, où l’énergie d’un monde de vies, de survies, d’espoirs, de drames, d’arts, de forces créatrices, nous entoure et nous entraîne.
Comme à notre habitude, nous suivions, sans détails, les conseils d’un quelconque guide touristique vantant les lieux à visiter de la ville. La statue de la Liberté, symbole éventé et rapiécé de l’Amérique libre, était parmi ceux-là. Le bateau nous pris à Battery Park, sous ce soleil d’avril qui plait tant aux poètes. Comme pour les enfants, la statue nous parut immense. La vue sur Manhattan est classique mais belle. Le parcours comprenait une autre ile. Nous suivions les autres touristes. Un grand bâtiment en brique, biscornu, avalait la petite horde des visiteurs. Une fois passé le seuil du bâtiment, mes genoux fléchirent, ma gorge se serra. Jusqu’à lors, rien en moi ne s’était manifesté qui pût m’alerter d’un quelconque trouble. Je m’enquerrai des détails des lieux. Ce passage était l’entrée des millions d’immigrants, où la peur et les angoisses dépassaient les espoirs, au point que l’ile, Ellis Island, était surnommée The Island of Tears (l'Ile des pleurs) ou Heartbreak Island (l'Ile des cœurs brisés).

Il y a donc une mémoire des âmes, éternelle, pour le bien, comme pour le mal. Il y a aussi une marque du bien, et du mal, dans chacun de nous. A cela, nous ne pouvons rien.

Les fleurs restent nos amies, comme la beauté du monde qui nous a été donnée d'aimer.


Alain Le Falher

Juillet 2023




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